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Malheur à vous, agents de satan cupides qui tenterez de commercialiser ces enseignements et ces témoignages!

 

Malheur à vous, fils de satan qui vous plaisez à publier ces enseignements et ces témoignages sur les Réseaux Sociaux tout en cachant l'adresse du site Internet www.mcreveil.org, ou en falsifiant leurs contenus!

 

Sachez que vous pouvez échapper au système judiciaire des hommes, mais vous n'échapperez certainement pas au jugement de Dieu.

 

Serpents, race de vipères! Comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne? Matthieu 23:33

 

Nota Bene

 

Ce Livre est régulièrement mis à jour. Nous vous conseillons d’aller télécharger la version à jour sur le Site www.mcreveil.org.

 

TÉMOIGNAGE DE LISUNGI MBULA - VA A BETHEL

(Mis à Jour le 01 01 2024)

 

Avant de lire ce témoignage, nous vous encourageons à lire une importante mise en garde que nous avons faite concernant les témoignages. Cette mise en garde intitulée "Avertissement Témoignages" se trouve sur le site www.mcreveil.org.

 

Chers frères et chers amis, nous voulons partager avec vous cet extrait du témoignage de Lisungi Mbula, qui a servi satan dans l'ignorance pendant plus de dix ans, croyant que la puissance de satan était au-dessus de toutes les puissances, jusqu’au jour où il rencontra Jésus-Christ et fut délivré. Ce témoignage confirme les enseignements sur Le Combat Spirituel et Le Discernement que nous avons déjà étudiés. Nous vous exhortons à lire ce témoignage, ainsi que ces deux enseignements, si vous ne les avez pas encore lus. Ils sont d'une très grande richesse. Vous les trouverez sur le site mcreveil.org.

 

1- Dans l'antre du diable

 

Je m'appelle Lisungi Mbula. L'histoire que je vais vous raconter est une suite d'événements mystérieux que j'ai vécus. J'ai pratiqué la magie pendant plus de dix ans. Le diable m'a tenu dans cette ignorance, en me convainquant que sa puissance était au-dessus de toutes les puissances. Mais Dieu est Amour, Il m'a relevé de la boue et j'écris maintenant tout ce qu'Il a fait pour mon âme en guise de témoignage. Après mes études primaires et secondaires à Yangambi, j'ai trouvé mieux de continuer mes études supérieures. J'ai quitté Yangambi pour Kisangani en 1973. Là, j'habitais chez ma cousine. Elle se débrouillait pour nourrir sa famille. Mon beau-frère était sans emploi, et ma présence chez eux l'indisposait. J'ai vite compris qu'il ne voulait plus de moi chez lui. Il m'arrivait parfois de rester à jeun deux ou trois jours. J'avais maigri, j'étais sale et souvent malade. Ma situation sociale était connue de tous mes camarades et de certains de mes professeurs. J'étais à bout, ne sachant que faire, sinon abandonner mes études et rentrer chez moi. Mais l'idée du chômage me chagrinait. Je persistai donc en priant. Je demandais à Dieu de me venir en aide.

 

Toutes mes prières restaient lettre morte au point où je doutais de l'existence de Dieu. Je me disais: "Mon père est chrétien et il prie tous les jours. Chaque dimanche, il assiste au culte et donne son offrande. Pourtant, il demeure toujours pauvre. Moi aussi, je vis la même situation: Je suis très pauvre, souffrant, affamé. Quel mal avons-nous commis, pour que le Ciel nous punisse ainsi? Le Dieu miséricordieux et Tout-Puissant dont mon père m'a tant parlé avec admiration, existe-t-Il réellement? Si oui, pourquoi permet-Il que je passe par de telles épreuves?" Devant toutes ces questions sans réponse, je conclus que Dieu n'existait pas, et que c'étaient les prêtres et les pasteurs qui L'avaient créé pour nuire aux naïfs. Un jour, mon professeur de Botanique Systématique m'invita chez lui. En chemin, il me dit avoir entendu ses collègues s'inquiéter à mon sujet, et il me proposa d'habiter chez lui. J'accueillis cette bonne nouvelle avec une grande joie. Je déménageai aussitôt de chez ma cousine, pour ma nouvelle maison. Là, ma condition sociale s'améliora. Je recouvrai la santé et consacrai la plupart de mon temps à mes études.

 

1.1- L'Initiation

 

Un soir, alors que je révisais mes cours, mon professeur entra dans ma chambre, et dit: "Je trouve que tu es bien ici, et tes études vont bon train. Mais une chose est certaine: Si tu continues dans la vie ainsi sans aucune protection, tu ne feras pas long feu. Car, sans ce moyen que je veux te proposer, tu pourras peut-être terminer tes études et travailler, mais tu demeureras toujours pauvre et malheureux. Je vois comment tu te sacrifies pour aider les tiens. Je l'approuve. D'ailleurs, c'est l'une des raisons qui me poussent à t'aider. J'ai songé à ton avenir, et te demande d'être patient et courageux, car je te donnerai une puissance."

 

Quatre jours après, il m'apporta un catalogue, et il me dit de le lire attentivement. Il me donna trois jours pour cela. Après quoi, je devais choisir, parmi les différents sujets présentés, ceux qui intéressaient. Il y était question de la magie, surtout des applications des phénomènes magiques aux différents domaines de la vie courante. Étant étudiant, je choisis les sujets liés à mes études, tels que le "bic magique," la "pilule égyptienne" et le "mouchoir magique". À côté de chaque sujet figurait une légende présentant l'utilité et le mode d'emploi de chaque article. Un jour après la remise du catalogue et de mes préférences au professeur, il m'apporta tout ce que j'avais choisi.

 

Soulevant chaque objet l'un après l'autre, il me dit: "Ce bic magique a le pouvoir d'écrire tout seul. Il suffit de le mettre entre les feuilles lors d'un examen, et il écrit tout seul les bonnes réponses. Mais pour ne pas attirer l'attention des autres participants, tu pourras faire semblant de griffonner n'importe quoi sur la page. À la correction, le correcteur ne verra que les bonnes réponses... Cette pilule égyptienne a pour fonction de stimuler les mémoires faibles." Le professeur me tendit la pilule et partit chercher de l'eau. Il me demanda de l'avaler en buvant l'eau qu'il m'avait donnée, ce que je fis. Puis il poursuivit: Ce mouchoir de domination servira à imposer ta volonté aux autres. Il te suffira de le passer deux fois sur ton visage et toutes tes suggestions seront admises à l'unanimité. Il s'assit et me considéra en silence d'un air grave. On aurait dit un père qui voulait confier à son fils une tâche qu'il savait d'avance pénible. Puis il me dit: Pendant deux ans, tu ne devras manger que des aliments crus. Depuis lors, il ne me fut plus possible de manger des aliments préparés, ni même salés. Car il faut utiliser de la chaleur pour la fabrication du sel, et le sel était aussi interdit. Je ne me nourrissais que de fruits, d'œufs crus, et de certaines racines comme des tubercules: Carottes, manioc, patates douces, etc. que j’obtenais sans peine parce que je vivais chez le professeur.

 

Après deux ans, je repris un régime alimentaire normal. Je précise que le professeur polonais dont il est question ici était un prêtre de l'église catholique romaine. Le fait qu'il me recueilli chez lui suscita en moi des sentiments de culpabilité, à cause de mes conclusions hâtives sur la non-existence de Dieu. Car je m'étais dit que Dieu existait quand même, et qu’Il avait envoyé Son serviteur à mon secours. Quel ne fut donc pas mon étonnement de voir un prêtre catholique m'initier à la magie indienne! L'attitude de ce prêtre me conforta dans l'idée que Dieu n'existait pas réellement. En effet, si Dieu existait, c'étaient les prêtres qui étaient mieux placés pour Le connaître. D'après le catéchisme de l'église catholique romaine, ils servent d'intermédiaires entre Dieu et les fidèles. Malgré le fait que ce prêtre célébrait la messe chaque jour, il connaissait la vérité, celle de la non-existence de Dieu. C'est pour cela qu'il me révélait le chemin par excellence, celui de la magie et donc du bonheur. Tel était mon raisonnement à ce moment-là. Une année après qu’il me fut interdit de consommer des aliments préparés, je constatai une grande transformation dans mon être. J'étais devenu très intelligent. Je pouvais lire dans les pensées de mes interlocuteurs, connaître leur identité, leur date de naissance et leur adresse, sans qu'ils ne m'aient rien dit auparavant. Tous les cours me semblaient être de simples révisions. Durant mes quatre années dans l'enseignement supérieur, je ne fis que me distinguer, de la préparatoire au troisième graduat.

 

Lorsque les deux années d'observance du régime alimentaire qui m’était imposé furent accomplies, il ne cacha pas sa satisfaction. Il me promit d'entamer des choses sérieuses avec moi et me dit qu’avant d'y arriver, il me donnerait une protection. Dès lors, l'interdiction était levée, je pouvais consommer tous les aliments et toutes les boissons de mon choix. Deux semaines après cette promesse, il m’apporta un nouveau catalogue intitulé: "Atlas de bonne chance en toutes choses." Cette fois, sans recueillir mon avis, il m'indiqua un sujet dans le catalogue, et dit: Je te remets la grande force divine du grand ashanti. À l'aide des ciseaux, il coupa une mèche de mes cheveux et la mit dans un flacon. Ensuite, il préleva un peu de poussière sous mon talon droit et l'enveloppa dans du papier blanc. Il m'expliqua que ces choses prélevées de mon corps serviront à me garder, dans les moments difficiles. Il déposa ces choses dans un tiroir, et ajouta que cette force divine a le pouvoir de me protéger contre les balles, les morsures de serpents, les sorciers, la mort par noyade, par le feu, par asphyxie ou par accident, contre tout ennemi visible ou invisible... Bref, contre tout danger et tout mal. Le prof tira une bague à six bijoux de sa poche, me la donna et dit: Ce talisman te donnera la force nécessaire pour lutter contre vingt et une personnes, et de les vaincre. Tu pourras dépasser les lois physiques de la nature à ton gré: La pesanteur, l'altitude, l'espace et le temps...

 

1.2- L'Expérimentation

 

Doté de toutes ces puissances et de ces protections, je résolus de les expérimenter. Ce n'est pas que je doutais de la véracité des paroles du professeur, mais je voulais d'abord tester ma puissance pour me prouver à moi-même que j'étais important. C'est ainsi que je mis volontairement du poison dans ma nourriture. Lorsque j'approchai ma main du bocal contenant la nourriture empoisonnée, il se brisa de lui-même, avant même que ma main ne le touche. Un jour, des amis tentèrent de m'empoisonner. Ils déposèrent une couche d'acide sulfurique en poudre dans l'assiette qui m'était réservée, et m'invitèrent à dîner. Je savais à l'avance que mon assiette était empoisonnée. Si j'avais refusé de manger, ils se seraient doutés de quelque chose, qu'un traître parmi eux m'aurait informé de leur infamie. Alors, pour leur prouver que j’étais supérieur à eux, il me fallait manger ce plat empoisonné. Devant tout le monde, mon assiette tomba au moment où ma fourchette toucha les aliments, renversant son contenu. Plus tard, mes amis s'excusèrent et me confessèrent leur acte.

 

Après cet incident, mes amis rectifièrent leur position à mon égard. Ils me considéraient comme un surhomme, protégé par des êtres invisibles. Aucun d'eux ne pouvait plus penser du mal de moi sans éprouver des sueurs froides. C'était là mon désir: la folie des grandeurs. J'étais donc invulnérable. Les femmes ne me disaient rien. Mais, avec mon mouchoir magique, je pouvais briser leur volonté et les obliger à faire ce que je voulais qu'elles fassent. Un jour, je me disputai une femme avec un militaire, un commando, juste pour me faire de la renommée. Il était réputé pour sa méchanceté dans la région. Lorsqu'il apprit mes amours avec sa concubine, il la battit violemment. La pauvre ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle dépensait l'argent du commando à mon profit. Il arriva qu’il fût informé par les parents de la fille de ma liaison avec elle. En réalité, elle aimait bien son amant, mais, du fait qu'elle était sous mon pouvoir, sous l'envoûtement, elle ne pouvait agir à l'encontre de ma volonté. Cette situation était connue de tous et tout le monde en parlait.

 

Le commando était devenu la risée de toute la population de Kisangani. Il était dépassé par mon succès auprès de sa petite amie, malgré les corrections qu'il lui infligeait. Poussé par la jalousie, car c'était pour lui une question de dignité et d'amour-propre, il décida de me tuer. Le pauvre ne savait pas qu'en agissant ainsi, il réalisait mes plans. Il restait à déterminer le lieu de mon exécution. Après m'avoir filé pendant plusieurs jours, chose que je savais d'avance, il me croisa dans un lieu inhabité. C'était vers 18h30, il faisait un peu sombre. En réalité, c'était moi qui avais organisé cette rencontre fortuite, car cette situation n'avait que duré, il fallait y mettre un terme. Il s'approcha de moi sans mot dire, sortit un revolver de sa poche, le dégaina, et tira à trois reprises sur moi, à bout portant. L'écho des coups de feu se répercuta dans les arbres. Je sentis comme un chatouillement l'impact des balles sur la peau de ma poitrine et de mon ventre. Je me grattai la peau à ces endroits, et recueillis les trois balles dans la main.

 

D’un geste sublime, je les tendis au commando, en lui disant de tirer encore s'il le voulait. Aucun témoin n'avait assisté à cette scène. L'acte s'était déroulé avec une telle rapidité que son cerveau n'eut pas le temps d'enregistrer cette information. Le soldat resta ébahi, sans comprendre ce qui lui arrivait. Je compris vite qu'il n'avait plus du tout envie de tirer. Il avait perdu la tête et était devenu comme un fou. En réalité, il l’était bien devenu. Quel orgueil fut le mien, lorsque j'expérimentai que même les balles tirées à bout portant ne me causaient aucun tort! L'impossible n'existait plus pour moi. Je pouvais voler dans les airs comme un oiseau, traverser une porte ou passer à travers un mur, me rendre invisible si je le voulais, etc. Je réalisais que si Dieu existait, je devais moi-même L’être, ou que je n’en étais pas loin! J'étais craint et respecté comme je le voulais. Rien ni personne ne m'inquiétait. Il m'arrivait parfois de faire certaines représentations magiques en plein air pour amuser la galerie et me rendre populaire. À l'aide d'un fil à tresser, je pouvais arrêter un véhicule en pleine marche, et le forcer à reculer sans qu’il se coupe.

 

Cela faisait énormément plaisir aux spectateurs, et les gens venaient en masse pour admirer ce phénomène. En réalité, ce n'était pas le fil qui exerçait une pression quelconque, mais la légion d'esprits qui étaient à mon service, et qui poussaient le véhicule en arrière. Le fil n'était là que pour faire illusion. Telle était la face connue de la magie que je pratiquais. En dehors de ces représentations, personne ne pouvait soupçonner que j'étais réellement dans la magie, hormis bien sûr le professeur et quelques initiés. J'étais bien connu à Kisangani. Même les petits enfants connaissaient mon nom et chantaient mes exploits. On parlait partout de moi. Cette notoriété m’apporta quelques problèmes sérieux. Un jour, ignorant ce qu’on me reprochait, les agents de l'ordre public vinrent avec un mandat d'amener portant bien mon nom. Je les suivis sans protester, pour savoir ce qu’on me reprochait, et connaître l'identité du plaignant. Arrivé à la Gendarmerie, l'officier chargé de l'instruction de l'affaire ordonna à ses agents de me jeter au cachot. Avant que les gendarmes se saisissent de moi, je pus dire à l'officier: Citoyen Adjudant, sachez bien que quel que soit le motif, je ne peux être arrêté, jugé, condamné, battu ou emprisonné que si je le veux.

 

Mes paroles furent comme de l'essence jetée sur une flamme, car elles attisèrent la colère de l'officier. C'était pour lui une grande insulte que je lui tienne un tel langage en public. Aidé par deux gendarmes, il me bouscula avec une grande brutalité dans le cachot, dont il verrouilla la serrure. Il empocha la clef, afin que personne ne vienne à me libérer sans passer par lui. De retour dans son bureau, il me trouva assis dans le fauteuil et je lui dis: Viens, assieds-toi et causons. Mais il ne voulait plus causer avec moi. En regardant son visage, je vis s'exprimer toute une série d'émotions. De la sérénité, il passa à la colère, puis à un grand étonnement, pour terminer par un sourire béat, hagard, sans expression aucune. L'homme se mit à courir dans la pièce à la manière des petits enfants qui jouent au jeu de cache-cache. Ce n'était pas beau à voir. Bref, l'Adjudant était devenu fou. Voyant ce qui lui était arrivé, j'eus pitié de lui.

 

Je courus l'attraper, et lui remis son esprit en place grâce à quelques paroles magiques apprises du professeur. C'est de ta faute! Lui dis-je, quand il eut recouvré ses sens. Je repris: Si tu m’avais écouté, nous n'en serions pas là. Pour le consoler, je lui avais donné un gilet pare-balles. Plus tard, nous devînmes de bons amis et l'incident fut vite oublié. Bien que détenant toute cette puissance, je n'avais pas la paix pour autant. Au début, j’étais joyeux de posséder une force dont d'autres personnes ne pouvaient même pas soupçonner l'existence. Mais, avec le temps, mes désirs augmentaient. Les actes qui me procuraient de la joie s'estompaient dans ma mémoire du fait de la monotonie. Comme dit un proverbe: "L'habitude est une seconde nature." Je trouvais qu'il était normal que les choses se déroulent comme je les faisais. Plus rien ne me procurait de la joie. Je remarquai que tout ce que je faisais ne me profitait réellement pas.

 

J'étais populaire, mais sans un sou. Je fis part de cette situation au professeur qui me dit qu'il m'avait tout donné. Il suffisait que je le désire pour obtenir tout l'argent dont j'avais besoin. Avec la bague à six bijoux que je possédais, je pouvais faire disparaître des objets de plus de 50 kgs à plus de 50 mètres de distance. Sur le champ, il me donna un objet qu'il appela "tube magique" et dit: Ce tube a plusieurs applications dans le domaine de la magie. Tu peux avec ce tube lire, voir, garder, déplacer, chercher, calculer, évaluer... Il y a plusieurs façons d'obtenir de l'argent. Je ne veux pas t'initier à toutes ces méthodes d'un coup mais, nous les étudierons progressivement. La première méthode est appelée "vol malin." Elle consiste à commander aux esprits errants de t’apporter de l'argent. Tu peux préciser le lieu, la quantité, l'heure et la nature de cet argent. Lorsqu'il apparaîtra, il sera accompagné d'un chiffre indiquant le temps que tu dois mettre pour le dépenser. Cet argent est volé dans des magasins ou des banques par des esprits errants. Voici les conditions relatives au "vol malin": Avec cet argent, tu ne pourras acheter aucun bien durable; à l'heure convenue, tout l'argent devra être dépensé. Tu vois qu'en dehors de ces deux conditions, tu peux faire de cet argent tout ce que tu veux. Ceux qui ne respectent pas ces exigences doivent soit mourir, soit devenir fous.

 

Quelques explications sont nécessaires pour bien comprendre. Nous appelons cette méthode "vol malin," parce qu’il ne sera pas découvert, car l'argent sera remis à sa place avant que le propriétaire ne s’en rende compte. Tu ne dois pas acheter des articles durables, car tout disparaîtra après le délai imparti. Si tu gardes cet argent, tu risques de mourir. Après l’achat d’un article non durable, si l'argent que tu remets au vendeur est mis ensemble avec de l'argent ordinaire, cet argent disparaîtra en même temps que l'argent ordinaire, après le délai. On n'obtient rien pour rien dans ce monde, mon fils. Cet argent ordinaire qui disparaît sert à renflouer les caisses secrètes et plus tard à acquérir d'autres clients. Si nous sommes sans pitié pour les récalcitrants, c'est parce que si l'argent n'est pas épuisé, c'est nous qui devons combler le vide. Donc, si le client meurt, c'est pour venir travailler pour nous afin de rembourser l'argent que nous avons versé à sa place. S’il devient fou, c'est que l'argent ordinaire disparu a suffi à combler les pertes, sans que nous subissions de dommage. Mais il sera quand même puni pour avoir enfreint les ordres, et pour nous avoir fait travailler pour rien.

 

Expérimente d'abord cette méthode. Lorsque tu découvriras ses inconvénients, je t'enseignerai une autre possibilité. Souviens-toi de mes paroles: patience et courage. En attendant, amuse-toi bien! Je retins bien chaque mot prononcé par le professeur. Après avoir pesé le pour et le contre du "vol malin," je me décidai à l'expérimenter. Assis dans mon salon, je mis à exécution les procédures destinées à obtenir de l'argent. Je spécifiai bien les données: pour le lieu et l'heure, j'avais indiqué que l'argent apparaisse sur la table de mon salon à quatorze heures. Quant à sa quantité et sa nature, j'avais spécifié vingt kilos en coupures de dix zaïres. Je commis une erreur sur la quantité, car, à quatorze heures, une montagne de billets de banque en coupures de dix zaïre apparut sur la table. Il y avait une note au destinataire indiquant le chiffre dix, et signifiant que j'avais dix heures pour évacuer de ma table cette montagne d'argent.

 

Après calcul, je trouvai qu'il me faudrait avoir tout dépensé à minuit pile. Une joie mêlée de crainte s'empara de moi lorsque j'empochai des quantités d’argent afin d'aller les dépenser. À la sortie de ma chambre, je croisai en premier le domestique du professeur. Il me demanda une cigarette, et je lui remis 500 zaïres en coupures de dix. J'empruntai un taxi pour le centre-ville, vers les magasins. Je remis au conducteur le quintuple du prix normal de la course. Pour ne pas éveiller sa curiosité, je le complimentai en lui disant que c'est parce qu'il m'avait vite conduit à destination que je lui faisais cette faveur. En ville, je contemplai les articles à travers les vitrines des magasins. Une chemise attira mon attention. Au moment où j'allais entrer pour l'acheter, j'entendis une voix me dire: pas d'articles durables! Cette voix m'était familière, c'était celle du professeur. Je me dis, en m'éloignant du magasin: le professeur m'aime beaucoup, il ne veut pas que je meure ou que je devienne fou. C'est pourquoi sa voix me parvient jusqu'ici pour me prévenir du danger de la désobéissance.

 

Je me dirigeai vers un restaurant européen. Puisqu'il m'était interdit d'acheter des articles durables, autant dépenser pour la nourriture, pour me venger. Je commandai des mets coûteux. Tout l'argent que j'avais emporté était épuisé. Je hélai un taxi et informai le conducteur qu'il recevrait le prix de sa course lorsqu'il m'aurait ramené où il m'avait pris. J'eus un haut-le-corps en arrivant dans le salon où se trouvait l'argent. Ce que j'avais pris avant de sortir avait été remplacé. Était-ce la réalité ou avais-je rêvé? Il était 15h, et l'argent était encore beaucoup sur la table. J'empochai une grande quantité, supérieur à la première, et je sortis. J'étais tourmenté par l'idée qu'à mon retour, je trouverais peut-être une autre quantité d'argent qui aurait remplacé ce que j'avais emporté. Le chauffeur m'attendait au volant. Sans mot dire, je pris place à côté de lui. Mes idées étaient ailleurs. Je me dis que celui-ci en aurait pour son compte quand il verrait sa caisse vide le lendemain matin. Le taxi me déposa où il m'avait pris, au restaurant européen, je lui remis une importante somme d'argent, sans rien lui dire, car lui-même était conscient que je l'avais fait attendre longtemps.

 

Ce jour-là, certains de mes amis se trouvaient dans le restaurant. Je me souviens avoir offert une tournée générale à mes frais. Tout le monde mangea et but à mes frais. Cela me faisait du bien de sortir l'argent de mes poches pour le dépenser au vue de tout le monde. Avant que mes convives ne finissent leur consommation, j'exigeai la facture. Je payai cash et je m'éclipsai, de peur que certains curieux ne se mettent à poser des questions sur la provenance de cet argent. Je fis plusieurs va-et-vient entre la maison et le centre ville pour évacuer les 20 kgs de billets de 10 zaïres. Cela peut vous paraître simple. Mais dépenser une telle somme en 10h, à Kisangani, en 1976, n'était pas chose facile. À 22h, il y avait encore une grande quantité d'argent sur la table. Une sueur froide s'empara de moi, et je fus saisi d'une peur atroce: peur de mourir, peur de devenir fou. Je me rappelai les paroles du prof lorsqu'il me recommandait le courage et la patience. Un peu de calme revint alors en moi. Je me dis que j'avais encore 2h devant moi, et qu'il n'était pas question de me laisser aller au découragement. Il fallait changer de tactique de dépense. Oh! Mes bien-aimés, il est meilleur de travailler pour Jésus que pour satan! Car le joug de Jésus est doux et Son fardeau léger (Matthieu 11:30).

 

Je me rappelle encore cette nuit comme si c'était hier. Je jetai l'argent en l'air dans une cérémonie funèbre, dont je ne connaissais même pas le défunt! J'entrai avec précipitation dans un bar, et je demandai aux consommateurs leurs goûts. Puis je vidai mes poches devant eux sans pour autant toucher à un seul verre, de peur de m'enivrer, et de ne pas pouvoir dépenser tout l'argent que je possédais. C'était pitoyable. Vers 23h30, II ne me restait plus que quelques liasses de billets sur la table. Le domestique du professeur, au lieu d'acheter seulement la cigarette qu'il m'avait demandée, s'était aussi payé à boire. Pendant tous mes va-et-vient, j'avais remarqué une forme allongée dans la cour, mais je ne savais pas que c'était lui. Le pauvre homme, appliquant le principe romain disant qu'il faut profiter du jour, avait dépensé tout l'argent. À présent, il dormait dans la cour, ivre mort.

 

À minuit, il ne me restait plus un sou, et je poussai un "ouf" de soulagement. Cette nuit-là, dans mon lit, je réfléchis à tout ce que j'avais fait dans la soirée, en contemplant le plafond de ma chambre. Je conclus qu'à l'avenir, je ne demanderais que des sommes inférieures à 20 kilos. Quelques jours plus tard, j'eus à nouveau recours au "vol malin." Cette fois-ci, je m'abstins de grossir la quantité, de peur de revivre la même situation que la première fois. Je remarquai que le temps fixé pour dépenser l'argent n'était pas constant dans chaque cas: il variait en fonction de la quantité demandée. Plusieurs jours passèrent. Je constatai que l'argent, obtenu par la méthode du "vol malin" ne m'était d'aucune utilité. Il m'était défendu d'acheter un simple slip, pas même un mouchoir de poche. Si je tentais de le faire, je risquais la folie ou la mort. Mes parents étaient pauvres. J'étais incapable de les aider. Je ne pouvais pas leur envoyer mon argent, de peur qu'ils ne le mettent avec leurs économies, et que le tout disparaisse après le délai imposé.

 

J’allai voir le professeur afin qu'il me donne une autre possibilité de trouver de l'argent. Avant de me la révéler, il me donna un conseil: tu es encore trop jeune pour comprendre le problème de l'argent. Fais ta demande à cette adresse et attends leur réponse. Il me remit une adresse en Inde. Après son départ, je rédigeai vite ma demande d'argent à expédier en Inde par voie occulte. On se sert alors d'esprits pour acheminer le courrier. Cette méthode est réputée pour sa rapidité. Un retard de 5 minutes est rare quand on utilise ce moyen. Les boites postales utilisables peuvent être les toilettes, les lits, le buffet, les tables, les armoires... Cinq minutes plus tard, je reçus la réponse, dont voici le contenu: "Vous, Zaïrois qui demandez de l'argent, sachez bien que l'argent n'achète pas l'argent, ou qu'un zaïre n'achète pas un zaïre, Et puis cet argent ne peut pas vous parvenir tout seul. Bonne compréhension." Au bas de la lettre, il y avait, en guise de signature, un cercueil et une tête de mort. La lettre était écrite, signée et cachetée à l'encre rouge. Je l'amenai au professeur après l'avoir lue. Ce dernier, sans même y jeter un coup d'œil, me dit: C'est comme je te l'avais dit, mon fils. Dans ce monde, il n'y a rien pour rien. Je trouve que tu es encore trop jeune pour comprendre.

 

La réponse du professeur et celle de la lettre sous-entendaient que, pour recevoir l'argent dont j'avais besoin, il me fallait sacrifier une vie humaine. Je lui répondis que je n'avais personne à sacrifier pour obtenir de l'argent. Je préférais mourir pauvre comme mon père, plutôt que d'être riche et responsable d'une vie humaine sacrifiée dans le but de satisfaire certains besoins passagers. Tuer une personne? Je n'en revenais pas! Mon émoi fit sourire le prof. Il me suggéra une troisième possibilité d'obtenir de l'argent. II me dit: J'accepte que tu aies encore des scrupules pour sacrifier une vie humaine. Je te comprends du fait de ton âge. Je sais que lorsque le besoin se fera davantage sentir, tes scrupules disparaîtront. En attendant, je t'informe qu'il existe une troisième possibilité, qui est d'ailleurs la plus répandue parmi les magiciens. Si tu veux, je te remettrai deux cachets. Le premier te fera être aimé par les femmes. Aucune femme ne pourra résister à ton appel, même si tu étais laid. Elle viendra et tu feras d'elle ce que tu voudras. Le second cachet a le pouvoir de faire concevoir une femme que tu connaîtras, même si elle est stérile. N'oublie pas que si tu t'unis à une femme, tu formes un seul corps avec elle. Ainsi, au lieu de te sacrifier toi-même, tu peux sacrifier ta propre chair qui est ta femme, ou ton propre sang qui coule dans les veines de tes enfants.

 

Pour éviter la perte de ces êtres chers, ce qui chagrine, n'oublie pas que tu pourras faire ceci: chaque fois que tu coucheras avec n'importe quelle femme, tu pourras relever son nom et lui remettre une importante somme d'argent en guise de cadeau. Le nom ainsi relevé sera inscrit sur une liste. Plus tard, si le besoin s'en fait sentir à notre quartier général, tu n'auras qu'à rayer un nom de cette liste, et la personne dont le nom sera barré sur la liste mourra. En réalité, cette personne ne meurt pas de manière absolue, car, après ce que l'on appelle "mort", son âme ira travailler pour ton compte, à la recherche de nouvelles sommes d'argent à te remettre. Si cela ne t'arrange pas de coucher avec n'importe quelle femme, tu pourras prendre des "bureaux" (une deuxième ou troisième femme). Les enfants qui naîtront de ces unions seront inscrits sur la liste. Lorsque le besoin s'en fera sentir au quartier général, tu effaceras un nom de cette liste et l'enfant mourra. On te remettra une importante somme d'argent en guise de récompense, de telle sorte que les cérémonies de deuil seront faites avec pompe. Personne ne songera à te soupçonner de la perte de l'enfant, pas même la mère en tous cas. Pour ceux qui t'entourent, toutes les larmes versées et tout l'argent dépensé prouveront l'attachement et l'affection que tu éprouvais pour la personne décédée. [...]

 

Pendant tout le temps que j'ai passé au service du mal, j'ai remarqué que le diable avait plus d'emprise sur les femmes que sur les hommes. Il se servait beaucoup des femmes pour accomplir ses desseins maléfiques. Votre seule arme, c'est la prière et la foi. Il se peut que quelqu'un vous offre, lors d'une fête ou d'anniversaire, des bijoux en guise de cadeau. Si cette personne fait de la magie vous constaterez une anomalie dans votre vie, en particulier le manque de sang fréquent chez les enfants. Ou alors, si vous avez l'habitude de garder vos économies chez vous, d'importantes sommes d'argent disparaîtront sans que vous puissiez en comprendre la raison. Tout cela à cause des bijoux qui vous ont été offerts, ou que vous aurez même achetés. Les bijoux que nous voyons dans la vie ne sont pas tous fabriqués à partir de minerais.

 

1.3- Au pays de la déesse Maharashathie

 

Aucune des méthodes pour obtenir de l'argent mises à ma disposition par le professeur ne satisfaisait mes désirs. Mon souci était de jouir de l'argent comme les hommes riches, sans qu'il me soit fixé des limites dans le temps. Je désirais l'argent qui pouvait me permettre d'aider mes parents à Yangambi, de fonder une famille plus tard, etc. Malgré le fait que je pratiquais la magie, j'éprouvais de l'amour pour les miens. Je songeais parfois aux moyens qui devaient me permettre d'améliorer leurs conditions de vie. J'avais pensé à leur envoyer l'argent du "vol malin" car toutes les autres méthodes nécessitaient le sacrifice d'une vie humaine, chose que je détestais. C'était pourtant la seule possibilité de les aider. Mais je n'utilisai pas cette méthode pour le faire, car cet argent devait disparaître après expiration du délai. J'étais convaincu que je ne jouissais pas réellement de l'argent comme je l'entendais. C'est pourquoi j'allai voir le professeur. Je lui demandai de bien se rappeler s'il ne pouvait pas trouver une possibilité d'obtenir de l'argent sans sacrifice humain, et de l'argent qui ne disparaîtrait pas.

 

Le professeur énuméra les trois possibilités mises à ma disposition, puis se tut. Je crus qu'il n'avait plus d'autres ressources, qu'il était à bout. Après un moment de silence, il haussa les épaules, comme pour exprimer la résignation, puis il dit: alors, il te faut une femme. Je ne compris pas le sens de sa parole. Je me dis: "Aurait-il l'intention de me prendre une fille en mariage ou l'aurait-il déjà fait sans me prévenir?" Il revint me voir trois jours après notre entretien et m'expliqua ceci: la fois passée, je t'ai parlé d'une femme, comme solution à ton problème. Tu sais que la femme satisfait presque tous les besoins de l'homme. Nous allons voyager au pays de la déesse Maharashathie. C'est là que nous trouverons une femme capable de résoudre tes problèmes. Mais, avant d'y aller, il est nécessaire de nous imposer une certaine discipline corporelle et psychique. En effet, toutes nos protections et nos puissances sont sans effet dans son univers.

 

Cette discipline consiste à jeûner, tout en récitant certaines prières incantatoires dans un ordre précis, pendant cinq jours. Ceci a pour but d'endurcir nos cœurs contre les tentatives de la déesse. Elle a beaucoup de pièges dans son univers. Si quelqu'un succombe à l'une de ses tentations, ou si quelqu'un lui plait, il est difficile de retourner. Ce serait alors la mort. Tu vois qu'il est plus facile d'entrer au pays de la déesse que d'en sortir. Du fait que la majorité de sa population est féminine, elle laisse difficilement partir ses hôtes masculins. À ma connaissance, voici quelques-uns de ses pièges: la crainte, la peur, l'étonnement, la panique, etc. Il faut nous abstenir d'un de ces sentiments. Je sais que nous n'y arriverons pas par nos propres moyens. C'est pourquoi nous devons observer ce jeûne de cinq jours pour implorer la clémence de la déesse et pour maîtriser notre volonté. Chers frères et sœurs en Christ, vous voyez comment pour ne pas être séduit par des démons, j'ai dû jeûner pendant cinq jours, dans le but d'atteindre des objectifs démoniaques. À combien plus forte raison nous, qui sommes enfants de Dieu, devrions-nous prier et jeûner pour résister aux convoitises du monde! 1Corinthiens 9:25 "Tous ceux qui combattent s'imposent toute espèce d'abstinences, et ils le font pour obtenir une couronne corruptible; mais nous, faisons-le pour une couronne incorruptible."

 

Il existe à Kisangani, Chef-lieu de la région du Haut-Zaïre, une rivière du nom de Tshopo, affluent du fleuve Zaïre. Un barrage hydro-électrique y a été érigé avant son confluent avec le fleuve Zaïre, formant ainsi une chute d'eau appelée "force de l'Est" à Kisangani. C'est un endroit stratégique pour l'économie de la Région du Haut-Zaïre, de par l'énergie hydroélectrique produite. Les militaires y montent la garde 24 heures sur 24. C'est à cet endroit appelé "force de l'Est" que nous nous retrouvâmes, cinq jours plus tard, dans la nuit, vers une heure du matin. La lune avait disparu depuis longtemps. II faisait sombre. Un vent frais balayait nos visages. Seuls les bruits des insectes au bord de l'eau troublaient le silence de la nuit. L'eau coulait toujours, poursuivant sa course folle entamée depuis bien longtemps. Nous nous approchâmes en silence de la chute d'eau. Cinq soldats Bérets Verts montaient la garde, fusil en main. Tous les militaires s'endormirent après que le professeur eut prononcé quelques conjurations d'hypnose magique. Tout me paraissait comme dans un rêve. Nous nous approchâmes du bord de l'eau sans qu'aucun militaire ne nous intercepte. Le professeur se mit à invoquer la manifestation de la déesse Maharashathie, par des prières occultes accompagnées de gestes cabalistiques. Un grand silence s'établit autour de nous. Le vent cessa de souffler et les insectes arrêtèrent de chanter.

 

Un énorme serpent jaillit de l'eau. Il avait sept têtes desquelles émanait une sorte de lumière qui éclairait la surface de l'eau et ses environs. Le tronc du serpent mesurait la même circonférence que celle du tam-tam de Béthel, 1,80 mètre de diamètre. En d'autres circonstances, l'apparition d'un tel serpent m’aurait bien effrayé, mais cela me laissa froid. Tous ces événements, et ceux qui suivirent, me laissèrent indifférent, tout me paraissait normal. Une femme apparut au-dessous du serpent, une femme d'une rare beauté, de type indien. Elle se présenta: je suis la déesse Maharashathie de l'Inde, pour vous servir. Le timbre de sa voix exprimait une excessive féminité. Le professeur dit: nous venons, ô déesse, vous rendre visite et solliciter une aide que vous seule dans tout l'univers pouvez nous fournir. Vous êtes mes hôtes. Alors soyez les bienvenus dans mon univers. Suivez-moi s'il vous plait. À ce moment, elle se retourna pour nous montrer le chemin de son univers. Un événement extraordinaire se passa sous mes yeux. L'eau, le serpent et les ténèbres disparurent pour faire place à un monde irréel et féerique. Pour la première fois de ma vie, mes yeux découvraient un monde différent de celui dans lequel je vivais jusque-là.

 

Il y avait une lumière qui ne provenait ni du soleil, ni de la lune. La couleur du firmament était violette. Je ne remarquai pas de vie végétale. A la place du sol, il y avait une substance comparable à du goudron mélangé avec du ciment, le tout recouvert de verre... Je n'ai jamais visité de ville américaine ou européenne, mais j'imagine qu'une telle ville ne peut pas exister sur la terre. Nous étions les hôtes de la déesse. Elle nous fit visiter son univers. Presque toute la population était composée de femmes et j’avais l’impression qu’elles se ressemblaient toutes. Elles étaient toutes d'une égale beauté. Rien ne troublait le calme, la sérénité et la paix de ce monde mystérieux. La population était gentille, accueillante et hospitalière. La visite terminée, nous nous rendîmes à la résidence de la déesse. Après quelques minutes de repos, la déesse nous convia au banquet offert en notre honneur. Il y avait beaucoup d'invités, entre autre la reine, les princesses et les duchesses. Au cours du banquet, le professeur voulut exposer le mobile de notre visite, mais la déesse l'en empêcha, disant qu'on aurait tout le temps pour en parler plus tard. Après le repas, le professeur et la déesse se retirèrent dans un autre appartement de la résidence.

 

La reine, ainsi que d'autres invités, me tinrent compagnie en l'absence du professeur. Je me tourmentais déjà de l'absence prolongée de la déesse et du professeur, lorsque je les vis sortir de la salle où ils s'étaient retirés. Le professeur me fit comprendre par un signe de tête que tout s'était bien passé. Nous devions donc rentrer. Je pris congé de mes hôtes, puis, accompagné de la déesse, nous repartîmes vers l'endroit par lequel nous étions entrés. Pendant le trajet, la déesse me tint familièrement la main. Nous arrivâmes à notre point de départ. II se produisit une chose, et l'univers occulte disparut pour faire place à la rivière et au serpent à sept têtes. La déesse était avec nous et me tenait toujours par la main, à la manière de vieux amis. Elle nous dit au revoir et me lâcha la main puis, se retourna et disparut de notre vue. Les lumières qui provenaient des sept têtes du serpent géant, ainsi que le serpent lui-même, disparurent aussi dans l'eau, nous laissant dans une grande obscurité. Autour de nous, la vie avait repris. Les soldats étaient toujours endormis, sous l'hypnose. Il nous fallait faire vite et regagner la maison, de peur que les personnes très matinales ne nous voient et ne se posent des questions sur notre présence en un pareil lieu à 4h30 du matin. De retour dans la cité, chacun alla dormir pour récupérer le sommeil perdu au cours de ce remarquable voyage. Dans l'après-midi de la même journée, le professeur vint me trouver et m'expliqua ceci:

 

Lorsque je me suis éclipsé avec la déesse, je lui ai expliqué ton problème. Elle m’a confié qu'il y avait en toi une force qui l'attirait vers toi. Elle a cru que je lui amenais un adepte et a beaucoup insisté pour que tu restes encore quelque temps là bas. Je lui ai fait connaître la raison de notre visite. Elle tenait beaucoup à toi, à tel point qu'elle a proposé de venir personnellement te servir. J'ai refusé, car si j'avais accepté, elle serait venue et t'aurait persuadé un jour de la suivre dans son pays. Tu l'aurais fait, car elle est bien plus puissante que toi.

 

Je l’ai suppliée de se désintéresser de toi. Elle a refusé catégoriquement, mais, vu mon insistance, elle a fini par accepter. Mais, elle t'a fixé des conditions difficiles, que tu devras remplir si tu veux avoir une femme qui pourra résoudre tes problèmes d'argent et combler tous tes désirs. Attention, mon fils! Tu es libre toutefois de refuser si ces conditions s'avèrent être au-dessus de tes moyens. Mais sache bien que si tu refuses, tu peux aussi dire adieu à tes projets d'argent. Voici ce que tu feras si tu veux continuer. Cette nuit, tu trouveras à ton chevet un paquet de 17 cartes. Chaque carte présente la photo d'une femme. Parmi ces 17 photos, tu choisiras celle qui te plaira le plus, et tu feras un signe au-dessus de la carte. C'est elle qui deviendra ta femme.

 

Le professeur m'expliqua ensuite comment je devais arranger la grande table de mon salon, pour préparer la visite de ces 17 femmes. Il poursuivit: Tu seras réveillé à minuit par les visiteuses, les 17 femmes figurant sur les cartes. Mais garde-toi bien de faire ton choix dès ce soir. Elles te séduiront de différentes manières, pour te faire succomber. Si tu réussis à résister jusqu'à 4 heures, heure de leur départ, tu connaîtras ta femme, celle que tu auras choisie, car elle ne partira pas avec les autres. Gare à toi, mon fils, si tu succombes au charme de l'une d'entre elles, qui ne soit pas celle que tu avais choisie, car elle t'emportera dans le monde où nous étions hier. Autrement dit, tu mourras dans notre monde, mais continueras à vivre dans le pays de la déesse. C'est là l'une des conditions posées par la déesse. Alors, pour ne pas courir le risque de te tromper, tu dois résister jusqu'au départ de toutes les autres. Je crois t'avoir tout dit en détail. À toi de décider.

 

Je n'avais pas le choix. Je me dis que si je refusais ces conditions, le professeur ne serait pas content de moi. Par conséquent il ne me confierait plus jamais d'autre méthode pour obtenir l'argent dont j'avais besoin. Par ailleurs, si je laissais passer cette occasion, je ne pouvais plus espérer obtenir de l'argent comme tout le monde. Alors j'ai accepté. Comme me l'avait annoncé mon professeur, vers 19h30, je trouvai sous mon oreiller un paquet de cartes. Chaque carte représentait une belle femme vêtue d'habits légers et transparents.

 

Je mis du temps à contempler les physionomies de ces êtres irréels. C'était la perfection de la beauté. Puis vint l'heure critique où il me fallut choisir celle qui serait pour toujours mon épouse. Je n'avais aucun point sur lequel appuyer mon raisonnement, car toutes étaient d'une égale beauté. Après un bon moment d'indécision, j'eus l'idée de faire mon choix par tirage au sort. J'éparpillai les cartes sur la table, fermai les yeux, et ma main tomba sur une carte, au-dessus de laquelle je fis un petit signe dans un coin. Le lendemain, je me rendis au marché pour acheter tout ce que le professeur m'avait demandé d'acheter, boissons et victuailles. Je disposai le salon selon ses instructions, et je m'endormis à 20h30 dans mon lit.

 

1.4- L'épouse

 

À minuit, je sentis que quelqu'un me touchait pour me réveiller avec douceur. J'ouvris un œil, car j'avais encore sommeil. Dans la pénombre, je découvris qu'une femme essayait de me réveiller, sans brutalité. Je lisais dans chacun de ses mouvements une tendresse et un amour profonds. Je me levai et me dirigeai vers le salon où je fus accueilli par les applaudissements de mes visiteuses. Je remarquai que toutes les femmes présentées sur les cartes étaient là, bien réelles et très belles. Pendant plusieurs heures, toutes s'ingénièrent à me séduire par tous les moyens possibles, moyens dignes des enfants de la perdition. Tout m'incitait à succomber. Mais le professeur avait été strict sur ce point: ne connaître aucune d'elles avant le départ des seize autres. Ne reconnaissant plus celle que j'avais choisie, je ne pouvais risquer ma vie en allant avec l'une d'elles au hasard. Voyant que je ne succombais pas à leurs avances, les femmes utilisèrent toutes les ressources de leur séduction diabolique. À 4h, elles me dirent au revoir et partirent comme elles étaient venues, c'est-à-dire en traversant les murs. L'une d'elle resta. C'était donc mon épouse, celle que j'avais choisie.

 

S'étant mise à côté de moi, elle me dit: Mon amour, je suis contente de ta conduite de tout à l'heure, vis-à-vis de mes cousines. C'est pour moi un signe d'amour et de fidélité que de t'être abstenu de connaître au moins l'une d'elles. Moi aussi, je t'aimerai autant, pourvu que tu respectes mes exigences, qui ne sont d'ailleurs que celles d'une femme qui t'aime et qui veut faire ton bonheur. En dehors de la nourriture préparée par ta main, tu ne mangeras que des aliments que je t'offrirai, et pas ceux d'une femme. Quand tu rentreras à la maison, il ne faudra pas que ton retard dépasse deux heures. Quand tu sortiras, à ton retour, tu devras d'abord prendre une douche et te changer avant de t'approcher de moi. Dans la maison, ne porte jamais de chaussures de cuir. En dehors de nous deux, personne ne doit connaître ma présence chez toi. Si par mégarde quelqu'un me voyait sans que tu sois au courant, cette personne devra mourir ou devenir folle. Mais si la personne est de mèche avec toi, alors c'est toi qui perdras la vie ou la raison. Comme tu le vois, je suis très jalouse. En revanche, j'accepte de combler tous tes désirs avant même que tu me les dises. Quels que soient tes désirs, je les comblerai. Mon nom est Hélène Magloo. Appelle-moi Hélène tout court.

 

Le lendemain, je compris pourquoi le professeur m'avait trouvé une femme comme solution à mon problème. Le matin, après ma douche, je trouvai sur la table un petit déjeuner copieux. Pourtant, il n'y avait pas de cuisinière à la maison, pas même un réchaud. Sans savoir d'où provenaient les aliments, je les mangeai avec beaucoup d'appétit. Lorsque j'ouvris ma garde-robe pour m'habiller proprement et partir pour mes cours - j'étais encore étudiant - j'y trouvai des habits neufs, des costumes dont je n'avais jamais soupçonné l'existence depuis ma naissance. Il y avait aussi des chaussures et des babouches. Toutes ces choses ne m'impressionnèrent pas. Hélène s'était juré de combler tous mes désirs. Les plats que je trouvais sur ma table étaient ceux qui plaisaient à mes goûts, c'est à-dire les plats que j'aurais aimé manger ce jour-là. Cette femme devinait mes goûts. À propos des vêtements, Hélène m'avait remis un pantalon qui en valait six, un pantalon extraordinaire. Chaque fois que j'entrais dans la maison, et que j'en ressortais la couleur du pantalon changeait. Ce pantalon pouvait changer de couleur jusqu'à six fois, il pouvait reprendre sa couleur initiale à la sixième couleur.

 

Avec Hélène comme épouse, c'était la belle vie. Le problème d'argent ne se posait plus. Chaque fois que j'avais besoin d'acheter un article quelconque - chose qui m'arrivait très rarement du fait que tous mes désirs étaient réalisés par Hélène - il suffisait simplement que je mette ma main dans ma poche, et elle en ressortait avec l'argent nécessaire pour l'achat de l'article désiré. Cet argent était "normal". Je pouvais en jouir comme tout le monde sans risquer la mort ou la folie, ni même sans qu'il disparaisse après expiration d'un délai. Ma femme avait mis une voiture à ma disposition. Seule elle et moi pouvions la voir, en dehors de quelques initiés. Je l'empruntais souvent pour me rendre à mes cours. Elle ne roulait ni à l'essence ni au gasoil. En fait, je n'ai jamais été à une station service pour me ravitailler en carburant.

 

Hélène devenait possessive et agressive. Peu à peu, la joie que j'avais éprouvée pour ses bienfaits s'estompa, et l'amour fit place à la haine. Je cherchai un moyen de me débarrasser d'elle, mais je n'en avais pas le courage, à cause de tous les bienfaits qu'elle me procurait par ailleurs. Cependant, ma décision fut prise, et j'attendais l'occasion propice pour la mettre dehors. Beaucoup de jours s'écoulèrent. Un jour, à la sortie des cours, je vis de jeunes étudiantes. Il y avait parmi elles une très belle fille. Je pris du temps pour la contempler et l'admirer. Je la convoitai. Je me demandai si une telle beauté n'était pas celle d'une revenante, car seules les mortes peuvent rivaliser avec une telle beauté. J'étais tellement plongé dans mes pensées que je n'avais pas remarqué le temps passer. J'étais en retard pour rentrer à la maison. Après m'être déchaussé sur le seuil de la maison, je partis prendre ma douche et changer de vêtements. Après la douche, je partis expliquer mon retard à Hélène. Mais à la place où Hélène m'attendait d'habitude, je trouvai la belle étudiante. Je fus pris de peur en voyant cette fille dans la chambre d'Hélène. Je craignis de mourir ou de devenir fou.

 

Je me demandai comment elle avait su que je l'avais convoitée. Comment avait-elle connu mon adresse? Comment était-elle entrée? Est-ce qu'Hélène l'avait vue? Sans faire attention à elle, je me mis à courir dans toutes les chambres à la recherche de ma femme, tout en criant que je n'étais pour rien dans la présence de cette fille dans la maison. De l'endroit où elle était assise, la belle étudiante souriait devant mon désarroi. Elle s'approcha de moi et me dit: ne me reconnais-tu pas, chéri? Je ne suis pas la fille que tu as vue en sortant de tes cours. Je suis ta femme Hélène Magloo. J'ai revêtu le corps de celle que tu as vue aujourd'hui. Voici les réponses aux questions que tu t'es posées dans la journée à propos d'elle: Elle n'est pas une revenante, mais elle ne tardera pas à le devenir bientôt. Voici son identité. Chéri, je ne te donne pas ces renseignements pour que tu ailles la chercher mais pour te montrer qu'en agissant ainsi tu me chagrines, car je t'aime à en mourir, et il m'est impossible de te perdre. D'ailleurs, que deviendrais-je sans toi? Comment puis-je partager ton amour avec une autre? Ne m'en veux pas de m'être conduite de la sorte. Comprends-moi, chéri, je suis ici pour toi.

 

Elle me donna l'identité complète de la belle étudiante, tout en pleurant: Prénom, nom, adresse, âge, etc. Deux jours après cette entrevue, j'appris la mort par noyade de la belle étudiante. Cette mort m'affecta profondément. Ma conscience me reprochait sa mort. Pourtant, je l'avais simplement regardée. Elle était innocente! Pour moi, il n'y avait aucun doute, j'étais sûr que c'était Hélène qui l'avait tuée par jalousie pour moi. Je la pris en horreur, car elle était responsable de la mort de la belle étudiante. Le temps passa encore. Elle devenait de plus en plus morose, soucieuse, et parfois rêveuse. Un soir, après m'avoir considéré attentivement, elle me dit: Mon amour, j'éprouve un sentiment profond pour toi. Mon amour pour toi va grandissant. J'aimerais remettre à ta famille beaucoup de biens, dont six véhicules, trois camions et trois voitures. J'achèterai pour ta famille trois magasins dans le centre-ville, et deux résidences dans les meilleurs quartiers de la ville. Ces biens, je les donne en guise de dot à ta famille, puis je t'emmènerai, et nous irons vivre dans mon pays pour toujours. Tout à coup, je compris ce qui tourmentait ma femme. Elle en avait assez de moi et désirait ma mort. C'était l'occasion tant attendue pour me débarrasser d'elle, mais nous n'en étions pas encore là.

 

Pour le moment, il fallait que je trouve les mots pour refuser poliment son offre. Je lui dis: le gouvernement de mon pays n'est pas dupe, pour qu'un simple étudiant comme moi, sans ressources, puisse léguer à sa famille d'aussi grands biens. Après mon départ, tous les biens seront confisqués. Hélène me rétorqua qu'aussi vrai qu'elle était vivante, aucun des biens qu'elle remettra à ma famille ne sera confisqué. Je répondis que je ne serais pas présent pour vérifier la véracité de ses dires, et qu'il valait mieux ne pas en parler. Pour ne pas la vexer, je poursuivis: je connais ton pays pour m'y être déjà rendu une fois. Il y a le calme et le silence. Le respect de la personnalité humaine, et la gentillesse de la déesse, y sont légendaires. Mais quant à y aller pour ne plus revoir les membres de ma famille, là je ne marche pas. Malgré l'insistance d'Hélène, mon "non" fut catégorique. Il fallait que je mette fin à cette situation, qui n'avait d'ailleurs que trop duré, car je risquais de perdre ma vie en continuant de vivre avec elle. Notre union avait duré quatorze mois ...

 

Le professeur s'étonna lorsque je l'informai de mon intention de me séparer d'Hélène. Il voulut connaître les raisons qui me poussaient à prendre une telle décision. Je lui expliquai en détail l'insatisfaction sexuelle d'Hélène, la mort de la belle étudiante, ainsi que l'intention qu'elle avait de m'amener pour toujours dans son pays. Bref, j'invoquai l'incompatibilité d'humeurs. Le professeur ne me cacha pas la difficulté d'une telle démarche, surtout qu'il ne se souvenait pas avoir connu un tel cas auparavant. D'habitude, ceux qui étaient mariés à de telles femmes consentaient d'accompagner librement leurs épouses, me dit-il. Il continua: mais puisque tu es le premier à tenter une chose pareille, j'essayerai de demander une faveur à la déesse. Mais je te dis d'avance que ce ne sera pas facile. Un voyage dans l'univers de la déesse fut donc envisagé.

 

1.5- Le pacte

 

Nous retournâmes à la chute de Tshopo, et le même scénario que la première fois se reproduisit: Hypnose des soldats, invocation de la manifestation de la déesse, jaillissement du serpent à sept têtes, et apparition de la déesse. Elle connaissait le mobile de notre visite et convoqua Hélène pour qu'elle donne son avis. Hélène apparut et déclara être déçue et humiliée de constater que son mari l'abandonnait, alors qu'elle comptait verser sa dot à sa belle-famille. Mais elle se ressaisit peu après, et déclara: je reste, puisque je n'ai pas le choix. Sachez bien que ce n'est pas moi qui ai abandonné mon mari, mais que c'est plutôt lui qui m'abandonne. Puisque c'est lui qui m'abandonne, j'exige donc qu'il reste vivre avec moi ici, ou alors qu'il me donne son petit frère en mariage.

 

De l'endroit où je me trouvais, je répondis au professeur: Aucune des exigences d'Hélène n'est réalisable. Il n'a jamais été dit dans nos conventions que je ne pourrai jamais me séparer d'elle, ni que certains membres de ma famille puissent trouver la mort à cause de moi. Je veux bien accepter toutes vos exigences, à condition que je puisse voir mes parents quand je veux et où je veux. Qu'aucun des membres de ma famille ne trouve la mort à cause de moi. Le professeur et la déesse se retirèrent dans une chambre proche. Après un moment, ils revinrent dans la salle où nous nous trouvions tous. Comme pour rendre une sentence publique, la déesse déclara, à l'intention du professeur: vu les services que vous avez rendus, nous vous accordons cette faveur, cher professeur. N'empêche que nous vous disons que c'est la première fois que nous nous trouvons dans une pareille situation. Nous espérons que ce sera la dernière, dans notre intérêt à tous.

 

Elle se tourna dans ma direction et me dit: C'est parce que tu es prêt à exécuter nos exigences que tu as la vie sauve. En réalité, Hélène avait pour mission de te ramener ici. Mais la pauvre t'a tellement aimé qu'elle n'a pas pu agir à l'encontre de ta volonté. Dorénavant, tu travailleras pour nous jusqu'à ta mort. Tu retourneras dans ton univers avec ton prof. Il t'instruira sur tes nouvelles attributions. Dès la fin de cette réunion, tu signeras avec ton sang le contrat qui te liera à nous jusqu'à la fin de tes jours. Ce sera un pacte. Désormais, tu seras serviteur de la déesse Maharashathie, je te confirme au rang de "diplômé" pour toute la zone Est. Tu n'es pas un novice pour que je te dise ce qu'il adviendrait de toi si tu voulais nous fausser compagnie. On apporta les papiers et, à l'aide de mon sang, je signai le contrat de mes empreintes digitales.

 

À 4h, nous rentrâmes à la maison comme la première fois. Pendant quelques mois, jour après jour, le professeur m'enseigna mes nouvelles fonctions. Pendant le jour, je suivais des cours théoriques et, à minuit, nous nous rendions au cimetière pour compléter ma formation, pour me restaurer et me divertir. En effet, depuis le moment où j'avais signé le pacte, dû à mon rang de diplômé, j'avais le droit d'occuper une place au "restaurant" du cimetière, chaque nuit. Le professeur m'apporta d'autres catalogues dans le but de me documenter davantage. Ma nouvelle occupation consistait à "lier" les talismans. Ces talismans nous étaient envoyés par des clients pour que nous y mettions une puissance.

 

La plupart des commandes nous parvenaient de différents pays d'Europe, notamment de la France, de la Roumanie, de la Pologne, et surtout de l'Italie. En Afrique, nous recevions des commandes du Cameroun, du Gabon, de la Mauritanie, du Sénégal et du Zaïre. Avec l'aide du professeur, j'avais ouvert une maison identique à celle qui existe à Kinshasa, dénommée "Maison Lion Gilbert." La nôtre était baptisée "Maison Blanche Foire Kisangani." C'était là que se trouvait mon bureau. À l'aide d'esprits servants, je réceptionnais les commandes et les expédiais après traitement. La différence entre notre Maison et celle de Kinshasa est que la nôtre était Indienne, tandis que l'autre était Égyptienne. Mais les deux maisons travaillaient pour un même but, gagner le plus d'âmes possibles à satan. Chaque talisman devait être "lié" au-dessus d'une tombe, suivant une prière appropriée. En d'autres termes, l'opération qui consistait à transférer une puissance, que nous désignons ici par le verbe "lier", devait se dérouler au-dessus d'une tombe. C'était pour que le talisman soit efficace, m'avait dit le professeur. Il m'indiqua les correspondances entre les divers cas évoqués par les demandes, et les prières appropriées à chaque cas. Le professeur m'avait défini ce qu'était une planète, un horoscope et un "omitama", dans le domaine de la magie.

 

Nos clients étaient du monde entier. Lorsqu'un client nous écrivait pour la première fois, nous lui envoyions notre bulletin pour qu'il nous fournisse tous les renseignements dont nous pourrions avoir besoin plus tard. Nous exigions que le nouvel adepte nous fournisse les informations suivantes: Nom des parents, des frères et sœurs, de l'épouse et des enfants éventuels, lieu et date de naissance, etc. Lorsque nous avions toutes ces données en notre possession, le client pouvait alors acheter ses propres bijoux et nous les envoyer pour que nous puissions les "lier" ou bien nous pouvions lui envoyer nos propres bijoux déjà travaillés en fonction de sa demande. À partir de ces données, en particulier la date et le lieu de naissance du client, nous déterminions son signe astrologique, qui nous permettait de trouver la planète de l'individu. En comparant la lettre de commande du client avec sa planète, nous pouvions voir ses carences. C'étaient ces carences, ou "omitama," que nous incrustions dans les bijoux, qu'on pouvait alors "lier" au-dessus d'une tombe, à l'aide d'une conjuration ou d'une prière appropriée, pour former un talisman propre à l'expédition.

 

La puissance d'un talisman était renouvelable, et restait limitée à un domaine bien défini. Enfin, la construction d'un talisman variait d'un individu à un autre. Elle dépendait du signe astrologique, de la planète, des besoins et carences des clients. C'est lorsqu'un talisman n'avait plus de puissance qu'il fallait le renouveler. Et à quel prix? Nous le verrons plus loin, à propos de la prière du vieux diacre. ... Pendant les sept années où je travaillai comme diplômé, je ne consommai que des aliments du cimetière. D'ailleurs, c'est là que je me plaisais le mieux. J'y avais les petites amies. Telles étaient mes occupations dans le domaine de la magie indienne jusqu'au jour où il plut au Très-Haut de me sauver des liens du diable.

 

2- Une série d'échec

 

C'est suite aux événements que je vais vous relater dans ce chapitre que le doute s'est emparé de moi. Il y avait en effet une contradiction entre les affirmations du professeur et la réalité quotidienne. Par exemple il me disait souvent que notre puissance était le summum de toutes les puissances, du fait qu'elle était divine. Pour mieux comprendre sa pensée, je vous donne dans l'ordre chronologique les grades existant au sein de la secte dont je faisais partie. Dans l'ordre croissant, nous avons: Élève, diplômé, professeur, docteur et enfin dieu ou déesse. À partir du grade de docteur jusqu'à celui de dieu ou de déesse, la mort physique n'existe pas. Si le sujet veut quitter ce monde pour aller dans d'autres dimensions, on l'endort en utilisant certains onguents magiques. Le cœur et la respiration s'arrêtent. Son corps est vite acheminé au cimetière. Là, il reprend vie et continue d'exister pour "secourir" les adeptes qui appellent à lui, c'est-à-dire ceux qui l'invoquent à travers le monde. Pour passer d'un grade à un autre, il y a des normes à remplir, des tests, des épreuves et parfois du temps à passer. Puisque notre maison traitait avec une déesse, notre puissance était de loin supérieure à celle d'autres maisons. Suite aux échecs que je vais décrire, je me mis à penser sérieusement à ma vie et à mon avenir. Je connus plusieurs échecs dans mes pratiques magiques, causés par la puissance qui réside dans le Nom de Jésus, et par la protection dont bénéficient tous ceux qui croient en Son Nom, Jésus, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, mon Sauveur personnel. Je ne vais vous relater que cinq de ces échecs.

 

2.1- L'argent béni

 

Parfois je me rendais à des réunions de prières non pas pour prier, mais pour me divertir ou m'amuser. Souvent, j'y allais pour admirer les belles filles. Je croyais que Dieu n'existait pas, c'était un fait certain. D'après le professeur, tous ceux qui prient mourront pauvres! Partant de ma propre expérience, je lui donnais raison. Je me disais que j'obtenais tout ce dont j'avais besoin, sans pour autant recourir à Dieu ni déployer d'efforts. Or la Bible déclare ceci: C'est à la sueur de ton front que tu gagneras ton pain (Genèse 3:19). Que celui qui ne travaille pas ne mange pas non plus (1Thessaloniciens 3:10). Mais, en ce temps-là, je ne connaissais pas la parole de Dieu, la Sainte Bible. Un dimanche, j'allai assister à un culte protestant, il y avait beaucoup de fidèles et les offrandes avaient beaucoup rapporté. J’eus l'idée de voler les offrandes. Avant même que l'on ait compté les offrandes, "le tube magique" m'avait révélé la somme totale, soit 100.000 zaïres.

 

Je me dis que le coup en valait la peine, et qu'il fallait me procurer cet argent. Je mis l'argent dans le "tube magique" pour ne pas le perdre de vue. Un objet mis sous le contrôle du tube magique ne peut jamais être perdu de vue, quels que soient les itinéraires empruntés par la personne qui le possède. Je comptais m'emparer de cet argent à la fin du culte. Je sortis de l'église pour mieux me concentrer, et déclencher le procédé me permettant d'obtenir l'argent. Après avoir tracé le cercle magique, selon les instructions de mon professeur, je fis les 50 pas réglementaires, et me mis à réciter certaines incantations magiques appropriées. Après avoir fait tout cela avec la précision et la finesse voulues, je commandai à l'argent de venir dans mon sac. C'est une façon de parler, car, en réalité, c'est plutôt aux esprits servants que j'avais donné l'ordre de m'amener l'argent. Après un bref coup d'œil dans le sac, je m'aperçus que ce dernier ne contenait pas l'argent. Je me dis: "L'erreur est humaine!". Je m'étais peut-être trompé, ou j'avais oublié de dire certaines phrases importantes. Il fallait recommencer. Je répétai 21 fois la même opération, mais sans succès.

 

Quel fut mon étonnement de constater pareille chose, pour la première fois de ma vie! Une folle angoisse s'empara de moi. En mon for intérieur, je me dis que peut-être, j'avais fauté quelque part, et que c'était pour cela que les esprits ne m'obéissaient plus. Mes chers frères et sœurs en Christ, mon angoisse était justifiée, car, dans ce genre de choses, l'échec n'est pas tolérable, surtout que notre maison traitait avec une déesse. Pour en avoir le cœur net, je me dis qu'il était bon d'informer le professeur. Je lui téléphonai avec précipitation, et le mis au courant de toute la situation. Alors que je m'attendais à une réprimande de la part du professeur, ce dernier, comme s'il ne voulait pas exprimer son idée à fond, me déconseilla de continuer l'opération, et insista. En réalité, cette interdiction me plut, mais ne calma pas ma curiosité pour autant. Je voulais savoir pourquoi il m'interdisait de continuer l'opération, alors que je l'avais tentée 21 fois sans succès. Pour toute réponse, il me dit: cet argent ne peut venir et ne viendra jamais car il est béni. L'argent béni ne peut pas venir. Il continua: toutefois, si tu as besoin d'argent, tu peux tenter cette méthode auprès des banques et des magasins, mais pas dans les églises... Sa réponse éveilla en moi une crainte et un grand doute. Je voulus lui poser plusieurs questions, entre autres: pourquoi l'argent béni ne pouvait pas répondre à notre appel? Pourquoi m'interdire de poursuivre l'opération? Avait-il peur lui aussi de quelqu'un ou de quelque chose? Pour qu’il ne se rende pas compte de ma peur, je ne lui posai aucune de ces questions. N'empêche que cet incident me fit très mal au cœur. Je me sentis frustré qu'il y ait une puissance au-dessus de la nôtre. C'est elle qui avait empêché l'argent d'obéir à mon appel. Je me demandais quelle était donc cette puissance, puisque la nôtre était divine.

 

2.2- Secret du nom de Jésus

 

Après ma deuxième visite au pays de la déesse - je vous rappelle que mes fonctions étaient de "lier" les talismans - les commandes nous étaient parvenues de partout. Il y avait abondance de travail. Je ne pouvais pas traiter tous ces talismans la nuit, vu le peu de temps dont je disposais. J'en liai une partie pendant le jour dans le cimetière situé non loin de la cité. Je m’y rendais parfois pendant le jour, mais après m'être rendu invisible, et chaussé de pantoufles pour ne pas faire de bruit sur mon passage. J'étais accompagné de deux amis. Pour ne pas attirer l'attention des curieux, nous travaillions en silence. D'habitude, lorsque nous procédions à ce genre d'activités, nous étions illuminés par une lumière qui ne provenait d'aucune source lumineuse visible. Or, non loin de là, se trouvait un groupe de jeunes gens qui s'étaient réunis pour la prière. Je n'avais pas soupçonné leur présence, du fait qu'il se trouvait un peu à l'écart, dans une maison. À un moment de leur prière, un jeune avait haussé la voix et dit: Je prends autorité sur toute emprise de satan en ces lieux. Je brise toutes les chaînes du diable, et je proclame la délivrance en ce lieu au nom de Jésus!

 

Juste après ces paroles, la lumière qui nous éclairait disparut. Je ne fis aucun rapport entre la disparition de notre lumière et la déclaration du jeune garçon. Environ cinq minutes plus tard, la lumière reparut. J'oubliai cet incident, et je me replongeai dans ma tâche. Néanmoins, par mesure de prudence, à l'aide du tube magique, j'explorai les environs dans le but de découvrir un imposteur éventuel, mais en vain, car, à part le groupe d'enfants qui priaient, le tube magique ne décela rien d'autre. Quelques instants après, poussé par je ne savais quelle force, le même jeune garçon éleva la voix pour la seconde fois et dit: vous, œuvres sataniques, vous, esprits des ténèbres, je vous donne l'ordre de quitter ce lieu et de vous en aller dans l'abîme réservé pour vous depuis le temps, au Nom de Jésus-Christ! Tout comme pour la première fois, notre lumière s'était éteinte, cette fois pour de bon. Après avoir longtemps attendu, je me dis qu'il était préférable de neutraliser ce groupe de jeunes gens en prière, et que c'était peut-être d'eux que provenaient ces disparitions de notre lumière, car un deuxième examen par le tube magique n'avait révélé que ce groupe dans les parages.

 

Avant de me décider à maîtriser ces jeunes garçons en prière, je fouillai en vain, à l'aide du tube magique chacun des participants, dans le but de déceler une force ou une puissance quelconque. C'était juste par mesure de prudence que je voulais maîtriser ces jeunes gens. Je voulais seulement les endormir et non leur causer du tort. Après tout, ils n'étaient que des enfants. Muni de mon tube magique, je m'approchai d’eux. Il y avait un banc qui traînait par là. Je m'y assis pour me concentrer et entamer la prière de l'hypnose magique. Les amis avec lesquels je travaillais s'étaient aperçus de mon absence prolongée et s'étaient mis à ma recherche. Ils me trouvèrent écroulé sur le banc, les jambes écartées et pendant jusqu'à terre, le tube magique gisant au sol, non loin de ma main droite. Je dormais profondément en ronflant. Mes amis me réveillèrent et m'expliquèrent l'état dans lequel ils m'avaient trouvé. Leur récit m'incita à une réflexion sérieuse. La question qui me tourmentait le plus était celle de savoir avec quelle puissance ces petits enfants m'avaient endormi.

 

Je ne leur voulais aucun mal, sinon les endormir, le temps de terminer tranquillement mon travail. Comment avaient-ils détecté mes intentions et agi aussi rapidement, sans que je puisse me défendre? Ils devaient donc détenir une puissance plus grande et plus efficace que la nôtre. Si quelqu'un m'avait poignardé, alors que j'étais allongé sans connaissance, je serais mort comme n'importe qui du commun des mortels. Moi, Lisungi Mbula, serviteur de la déesse Maharashathie, diplômé de haute magie indienne, dépositaire du pouvoir divin du grand Ashanti, étendu sur un banc sans connaissance...! Les paroles du professeur me revinrent à l'esprit: "Tu seras protégé contre tout ennemi tant visible qu'invisible…"

 

Le groupe des jeunes gens avaient terminé leur prière et étaient partis depuis longtemps de l'endroit où ils se trouvaient. Il n'y avait plus moyen de les atteindre pour leur poser quelques questions. Ce fut à ce moment-là seulement que je réalisai que c'était suite à la prière du jeune garçon que nos lumières avaient disparu. Le doute qui avait pris naissance dans mon esprit se concrétisa petit à petit. Malgré les affirmations du professeur, notre puissance n'était pas la plus grande. Au-dessus d'elle, il y avait une autre puissance plus grande. C'était celle que possédaient le groupe de jeunes gens dont l'un m'avait ridiculisé.

 

2.3- La fuite des Felbuss

 

Un autre jour, trois étudiants de l'université de Kisangani (Unikis), eurent l'idée de recourir à certaines notions élémentaires de la magie pour présenter une session d'examens. Ils achetèrent des cigarettes "Zaïre Légère", les trempèrent dans du parfum "Soudan", et les séchèrent au soleil pour les fumer à minuit. À l'heure dite, ils partirent nus au croisement des chemins pour rencontrer des esprits. Il était minuit passé. Je me rendais au cimetière comme d'habitude pour me restaurer et me divertir. D'habitude, ceux qui pratiquent ces choses se rendent invisibles. Je le faisais lorsque je m’y rendais souvent pendant le jour, mais, la nuit, je ne voyais vraiment pas la nécessité de le faire. Seulement, s'il y avait des personnes à l'entrée, je "disparaissais," ou je patientais jusqu'à leur départ et j'entrais. Ce jour-là, je croisai les trois étudiants à la bifurcation. La vue de ces jeunes gens à pareille heure et dans un tel endroit me fit sourire. Je m'approchai d'eux et leur demandai, pour plaisanter, s'ils n'avaient pas peur de se promener à une heure aussi tardive de la nuit.

 

Les jeunes gens, peu coopératifs, me firent cette réponse: vieux, s'il est réellement question d'avoir peur, c'est toi qui devrais en principe avoir plus peur que nous, du fait que tu es seul. Nous, on est trois! Je ne pouvais pas leur dire que je n'étais pas seul, et qu'il y avait avec moi toute une légion d'esprits servants pour me protéger. Alors j'ai continué ma route vers le cimetière en leur souhaitant bonne chance dans leur entreprise. Un peu plus loin, toujours sur ma route, j'ai croisé trois êtres immondes, trois monstres d'une laideur parfaite. Les mots me manquent pour vous décrire la forme ou l'aspect qu'avaient ces esprits. Je ne peux les comparer à aucune créature de notre monde, du fait que les éléments de comparaison me manquent. La vue de ces êtres immondes donne la nausée. À la vue de ces esprits, une peur m'envahit et je voulus fuir. Oui! Je voulus fuir, car, malgré tout le temps que j'avais passé dans la magie, je n'avais jamais vu d'esprits aussi laids et répugnants. Mais, me rappelant que j'étais détenteur de la protection du divin Ashanti, j'ai changé de dimension: j'ai utilisé une capacité acquise par mes pratiques de spiritisme, celle de devenir un esprit supérieur.

 

Bien-aimés, je vous rappelle que j'avais dépassé le stade de la magie ordinaire. Mon initiateur me considérait comme son fils, et m'avait ainsi transmis beaucoup des connaissances qu'il détenait. Ces connaissances exigent des sacrifices humains. Mais, pour mon cas, je les recevais gratuitement de mon professeur. C'est ainsi qu'après la magie ordinaire, j'ai fait de l'occultisme, du spiritisme, et enfin de la haute magie. J'étais le seul diplômé au service de la déesse pour toute la Région de l'Est du Zaïre. Après avoir changé de dimension, je devenais capable d'imposer ma volonté à des esprits inférieurs tels que ceux qui se trouvaient en ma présence. Je m'approchai d'eux et leur barrai le passage. Je voulais savoir qui ils étaient et où ils allaient, du fait que leur présence ne m'avait pas été signalée. En qualité de diplômé pour toute la Région de l'Est, il était de mon droit que l'on me tienne informé de toutes les allées et venues des étrangers dans ma juridiction.

 

Les esprits immondes me répondirent: nous sommes des Felbuss, de la famille du prince Belzébuth. Depuis longtemps, nous habitons cette zone, dans le quartier Rwapo, ici à Kisangani. Nous partons répondre à l'invitation des amis. Ils ne pouvaient pas me mentir, car je dominais leur volonté. Mais le quartier dans lequel ils prétendaient habiter n'existait pas à Kisangani. Devant ma perplexité, ils s'impatientèrent et voulurent aussi savoir qui j'étais. Je leur déclinai à mon tour mon identité: je m’appelle Lisungi Mbula. Je suis diplômé, au service de la déesse de l'Inde. À l’annonce du nom de la déesse, le climat de méfiance qui régnait déjà au milieu de nous se dissipa et ils me confièrent: nous sommes pressés. On nous attend. Nous sommes aussi au service de la déesse. Si tu veux de plus amples informations sur nous, téléphone-nous demain à minuit à ce numéro: 0001-Tchao! J'interrompis mon envoûtement. En d'autres termes je les libérai et ils s'en allèrent.

 

Peu après leur départ, je me souvins des trois étudiants qui semblaient attendre la visite de quelques esprits. J'établis une relation entre ces trois étudiants et les esprits immondes. Je décidai de vérifier si mon intuition était juste. D'ailleurs, je n'avais rien à perdre. J'avais vu juste. En effet, les Felbuss se dirigeaient dans la direction où se trouvaient les trois étudiants. Lorsque ces esprits arrivèrent dans leurs champs visuels, ils n'eurent pas le courage de faire face aux Felbuss et s'enfuirent. Je ne les condamne pas d'avoir fui, en tous cas, car les Felbuss sont ignobles et laids à voir. Personne ne peut supporter de les regarder ou de s'approcher d'eux, sans éprouver un grand effroi. D'ailleurs, c'est comme s'ils répandaient la terreur sur leur passage. La preuve était que, sans mes capacités surnaturelles, j'aurais fait comme eux. L'un des trois étudiants en fuite trébucha et tomba. Se sachant perdu, il fit cette prière: Seigneur Jésus, je reconnais avoir péché contre Toi. Pardonne mon péché, Toi le Miséricordieux! Sauve-moi, sois ma lumière et ma force!

 

À la suite de cette courte prière, il se produisit quelque chose d'extraordinaire. Les Felbuss, venus d'une seule direction, s'enfuirent chacun pour soi, dans trois directions différentes. Je ne compris pas pourquoi ces êtres immondes s'enfuyaient ainsi. Je les interpellai pour leur dire de ne pas avoir peur de ces enfants. Je leur criai: "Ce ne sont que des enfants!". Mais aucun d'eux ne m'entendit ou ne voulut m'entendre. Alors je continuai à crier, tout en courant derrière eux: "Ce ne sont que des enfants! Ils ne sont rien! Ils sont inoffensifs!" Ils entendaient très bien mes paroles, mais aucun d'eux ne s'arrêta. Leur fuite excita encore davantage ma curiosité. Pour la seconde fois, je changeai de dimension, et parvins à neutraliser l'un des trois fuyards. Je l'obligeai à m'expliquer la raison de leur conduite. Il tenta sans succès de fuir à plusieurs reprises, puis m'expliqua ceci, à contrecœur:

 

Nous venions répondre à l'invocation de ces trois étudiants que tu as vus nous attendre. Lorsqu'ils nous ont aperçus, ils ont pris la fuite. Alors nous nous sommes fâchés, parce qu'ils nous avaient dérangés pour rien. Nous nous apprêtions à les punir, quand l'un d'eux, celui qui est tombé, a appelé quelqu'un à son secours. Ce quelqu'un-là n'aime pas que l'on touche à ses protégés. Du fait que l'autre avait fait appel à lui, il devait venir. Et, en venant, il nous aurait attrapés et nous aurait mis dans un gouffre sans fond... Comment y aurions-nous vécu? C'est ça la raison de notre fuite précipitée. D'un côté, c'est de notre faute. Nous aurions dû savoir si ces personnes collaboraient avec l'autre. Mais nous sommes quand même venus, et maintenant voici la conséquence. En tous cas, si nous avions su qu'ils collaboraient, nous ne serions pas venus!

 

Je précise qu'au moment où le jeune étudiant avait fait sa prière, je ne l'avais pas entendu, car j'étais un peu à l'écart. J'interrogeai le troisième Felbuss pour savoir qui était celui dont le seul nom, prononcé cette nuit-là par un étudiant, avait fait fuir ces Felbuss dont j'avais moi-même eu peur. -Quel est le nom de ce "quelqu'un?" - Son nom est…est… "Le Roi de tout esprit." - Son nom? -…Jésus... Le Felbuss paraissait très mal à l'aise et très fatigué en prononçant le nom de Jésus. Il voulait se sauver au plus vite de l'endroit où nous nous trouvions. Je le relâchai et il s'en alla tout malheureux. Je n'avais plus aucun doute, la puissance de Jésus surpassait toute autre puissance. Sinon, comment expliquer qu'un nom prononcé tard dans la nuit par un profane puisse mettre en fuite des monstres dont la seule vue incite à la réflexion? Deux de ces trois étudiants devinrent fous, ils ne se présentèrent même pas aux examens. La Parole de Dieu dit bien: "Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé." Actes 2:21.

 

2.4- La chanson des pigeons sauvages

 

Si des magiciens lisent mon témoignage, la plupart découvriront des faits dépassant leur entendement. Dieu a permis que ces choses soient connues afin que certains ne disent pas que Dieu ne pardonnera jamais. Non! Dieu est miséricordieux, et Il attend que tu suives mon exemple, que tu te repentes, toi, pécheur, que tu te convertisses, et que tu acceptes le Seigneur Jésus comme seul Sauveur, afin que tu sois sauvé. Dans le cadre de nos travaux de recherche dans l'occultisme, le prof nous avait commandé d'acheter des chats blanc ou noir sans tache. Nous les immolions et prélevions certains de leurs membres, devant nous servir pour la composition de certaines substances nécessaires au renforcement de nos pouvoirs magiques. Nous nous servions du liquide contenu dans leurs yeux pour composer un ingrédient qui, consommé, nous permettait de comprendre le langage des animaux. Nous étions capables de comprendre comment les poules pouvaient injurier les femmes qui les chassaient quand elles voulaient balayer la cour, ou quand elles becquetaient les graines exposées au soleil. De telles scènes étaient nombreuses.

 

Les gens nous voyaient parfois rire sans raison apparente et nous traitaient de fous ou de fumeurs de chanvre, alors qu'en réalité nous étions témoins d'un fait comique. Toutefois, il nous était interdit de dévoiler aux profanes le secret de nos rires, sous peine de devenir fous. Non seulement le secret de nos rires, mais aussi rien de ce qui se déroulait ne devait être révélé. Il est dit dans la Kabbale: "Celui qui ose faire ces choses doit se taire." Nous avions l'habitude de nous retirer chaque année dans des lieux calmes pour étudier les phénomènes de la terre, dans le but de prévoir les événements présents. Nous nous servions des faits passés pour sonder l'avenir, en les comparant à certains événements. Nous expédions les résultats de nos travaux à différentes maisons européennes, qui les utilisaient dans leurs rubriques "Horoscope". Dans le même ordre d'idées et poussé par la curiosité, j'avais calculé mon propre signe astrologique, communément appelé horoscope. Aidé par le professeur, mes calculs avaient donné que je mourrais à l'âge de 97 ans.

 

Nous avions poussé les calculs pour savoir ce que deviendrait mon âme après ma mort. La réponse était qu'après ma mort, mon âme ira au cimetière de l'Université de Kisangani, et qu'elle travaillera au secrétariat situé au deuxième niveau. J'étais sûr de moi et j'étais content du fait que je serais dans ma ville natale, contrairement à mes amis, dont les calculs avaient donné que leurs âmes reposeraient, après leur mort, dans des cimetières parisiens ou londoniens. Le moment de faire nos recherches arriva. Après avoir terminé les préparatifs, nous partîmes, le professeur, deux de mes amis et moi, à la recherche d'un endroit calme pour nos travaux de recherche. Nous arrivâmes au-dessous d'un grand arbre appelé en langue swahili "Itume". Il faisait très chaud ce jour-là, et la marche nous avait fatigués. Nous nous arrêtâmes sous l'ombrage de cet arbre pour nous reposer. Le sommeil nous saisit, car nous avions décidé de nous reposer avant de commencer les travaux. Alors que nous nous apprêtions à débuter nos travaux, nous entendîmes au-dessus de nos têtes une chorale qui interprétait une belle mélodie. Tout le monde resta calme pour admirer la beauté de la chanson.

 

Son contenu était le suivant: Nous, nous sommes bien. Nous nous nourrissons sans peine. Nous nous déplaçons avec aisance. Nous vivons dans le calme et la paix, à l'ombre des grands arbres. À qui revient le mérite? Que tous les mérites reviennent à Dieu, notre Créateur! À qui? À Dieu, seul Créateur du Ciel et de la terre. À Lui la louange, l'honneur et la gloire à tout jamais! Comparez ce cantique au cantique de Moïse (Apocalypse 15:3-4). Nos regards convergèrent tous vers l'endroit d'où provenait la mélodie qui nous avait charmés. Un soupir d'étonnement s'échappa de nos quatre poitrines quand nous découvrîmes la provenance de ces voix. Perchés sur une branche, sept pigeons sauvages étaient les auteurs de ce beau texte (Psaume 150:6). Ce qui m'avait le plus étonné n'était pas que les pigeons puissent chanter, mais plutôt le contenu de leur chanson. Dieu parle de différentes manières. Mais, du fait que j'étais aveuglé, je ne pus pas voir la main de Dieu derrière les paroles prononcées par ces oiseaux. Pourtant, ce jour-là, je me désintéressai de la magie. Quelque chose en moi m'incitait à réfléchir: "Comment les animaux, les oiseaux, connaissent-ils l'existence d'un Dieu Créateur qu'il faut honorer, alors que moi, qui suis un homme, je ne sais pas le faire?" Je n'eus plus le courage de continuer mes recherches. Je rentrai à la maison et les autres me suivirent.

 

Sur le chemin de retour, je décidai d'abandonner la magie. Mais l'idée de mourir jeune me faisait peur. Je n'avais qu'une vingtaine d'années. Je décidai donc de les servir encore jusqu'à ce que j'aie 70 ans, puisque la totalité de mes jours était de 97 ans. Ainsi, après cet âge, lorsque je serai vieux, je pourrai commencer à prier. À cet âge-là, si je devais mourir, je pourrais le faire sans regrets, du fait que j'aurais déjà vécu longtemps. Plongé dans ces réflexions, j'arrivai abattu à la maison. Je partis directement me coucher, alors qu'il ne faisait pas encore nuit. À minuit, je ne partis pas au cimetière pour manger comme d'habitude. Après minuit, des coups de téléphone vinrent de tous côtés: Le maître du restaurant s'impatientait, à cause du repas qui refroidissait, et il voulait savoir si je ne venais pas manger. Mes petites amies me demandèrent s'il fallait qu'elles viennent me trouver à la maison, au cas où je tarderais à les rejoindre au cimetière. Des communications venant d'Europe réclamèrent les résultats de nos recherches de la journée, qu'il fallait expédier... Pour mettre fin à toutes ces questions, je débranchai mon téléphone. Je ne demandai pas au professeur l'explication exacte des paroles contenues dans la chanson des pigeons. Tout d'abord, ces paroles ne nous étaient pas adressées. Même si cela avait été le cas, les oiseaux ne pouvaient pas savoir si leur message atteindrait son but, parce qu'ils ne savaient pas que des humains comprenaient leur langue.

 

2.5- La prière du vieux diacre

 

Comme je l'ai dit dans le chapitre précédent, le résultat de mon initiation à mes nouvelles fonctions était concluant. Suite à ce résultat, le professeur me laissa diriger certaines opérations délicates, comme celle que je vais vous décrire. II s'agit de la capture d'un esprit condamné. Il y avait un jeune homme qui, par l'intermédiaire de mon professeur, avait signé un contrat pour obtenir un porte-monnaie magique. Jour après jour, pendant six mois, le jeune homme trouvait chaque matin dans son porte-monnaie la somme de cinq mille zaïres. Il dépensait cet argent comme bon lui semblait, c'est-à-dire sans condition aucune. Il était riche. Lorsque les six mois furent écoulés, un matin, il trouva dans son porte-monnaie, à la place où d'habitude il trouvait l'argent, une note ainsi écrite: "La personne qui recherchait l'argent pour te le rapporter est fatiguée après t'avoir servi pendant six mois. Veuille nous envoyer son remplaçant dans un bref délai." Cette note ne l'impressionna pas.

 

Il s'attendait à cette situation et s'était préparé en conséquence, car lorsqu'il avait signé le contrat, tout lui avait été décrit en détail. Après lecture de la note, il partit voir le professeur qui le mit en rapport avec moi, nouveau diplômé de la Région et serviteur de la déesse. Je convoquai le jeune homme pour faire sa connaissance. Lorsque le jeune homme vint, je sortis les documents qu'il avait donnés lors de son adhésion.... Ils comportaient les noms des différents membres de sa famille, en commençant par son père jusqu'au cadet. La première convocation visait à demander au jeune homme de choisir un nom sur la liste en notre possession, ainsi que la cause de décès qui convenait le mieux pour sa victime, parmi toutes les causes possibles. Voici le dialogue qui s'ensuivit: - Sur quel nom ton choix est-il tombé? - Sur mon père. - Pourquoi ton père?

 

- Qui d'autre voulez-vous que je sacrifie? Mon père est le plus âgé de toute la famille. Plutôt que de sacrifier quelqu'un qui n'a pas encore connu la vie, je préfère que ce soit mon père qui meure. J'ai comme principe que les plus âgés cèdent la place aux jeunes. - En tous cas, tu te défends bien. Bon! Maintenant, choisis parmi ces différentes causes de décès, celle qui sied le mieux pour ton père. Voici la liste: Mort par brûlure, par accident, par noyade, par affaiblissement d'une maladie, mort à la suite d'une bagarre, mort pendant le sommeil... Avant de répondre, le jeune homme réfléchit: "Si j'opte pour la mort à la suite d'une maladie, peut-être que, lors de sa maladie, certains sorciers de la famille pourront voir que c'est moi qui suis la cause de son décès. Non! Elle ne convient pas. Si j'opte pour la mort par suite d'un accident, son corps ne pourra peut-être pas être exposé lors du deuil. Il pourrait subir des dégâts, être abîmé ou écrasé, de telle sorte que son exposition ne soit plus possible. Non! Pas de mort par accident. S'il mourait à la suite d'une bagarre, cela impliquera des conflits éternels entre ma famille et celle de la personne qui se bagarrera avec lui. Non! En tous cas, pas cette mort. Alors... "Je veux que mon père meure dans son sommeil."

 

Je pris note des deux réponses données par le jeune homme, à savoir qu'il sacrifiait son père et qu'il voulait qu'on le trouve un jour mort dans son lit. Pour moi, son raisonnement était correct: "Il faut que les vieux cèdent la place aux jeunes." Je le congédiai et pris rendez-vous avec lui pour le lendemain à 10 heures, pour la grande opération de capture en question. L'opération consistait à envoyer des esprits servants, et d'autres esprits déterminés chercher et ramener l'esprit de la victime, afin que cette dernière voie celui qui l'a fait convoquer, et accepte devant les témoins de signer un contrat pour servir la personne qui l'a fait convoquer. En d'autres ternes, la personne devait venir signer le contrat de sa propre mort. C'était ma première opération de ce genre. Je mis de l'eau dans un bassin, à l'intérieur duquel je déposai un miroir magique. Tout autour du bassin, je disposai des livres de prières magiques. La salle était pleine des esprits errants et servants, qui étaient là pour la circonstance. À 10 heures précises, le jeune homme arriva. Je lui offris une place et il s'assit.

 

J'étais capable de reporter l'opération ou de l'interrompre si je le voulais, car c'était moi qui commandais les opérations. Après quelques minutes de concentration, j’invoquai les esprits à haute voix. Je dis: "J'invoque les huit esprits soumis aux huit sous-princes. Je veux que vous me rameniez l'esprit de cette personne (nom de la personne), pour qu'elle accepte devant vous de travailler pour celui qui l'a désignée." Ensuite, je citai les noms des huit sous-princes en question. Puis je regardai dans le miroir pour voir l'esprit de la personne venir répondre à mon appel. Il se produisit alors sous nos yeux un événement qui dépassa notre entendement. Alors que je fixais des yeux le miroir placé dans l'eau, je vis apparaître un morceau de bois de la dimension d'un petit doigt. Puis un autre bout de bois apparut. Les deux morceaux de bois s'étaient unis pour former une croix. À l'intersection de ces deux morceaux de bois se mit à couler une substance liquide de couleur rouge comme du sang. Cette substance, en se diluant dans l'eau, rendit toute exploration du miroir impossible.

 

Tous les esprits errants s'enfuirent à la vue de ce phénomène. Je jetai le liquide rouge qui se trouvait dans le bassin. Je remis à la place de l'eau propre, et replaçai le miroir dans le bassin. Il fallait donc recommencer l'opération avec d'autres données. Je doublai la puissance de la prière magique et prononçai ces paroles: Je vous invoque, vous les huit esprits sous-princes, car les huit esprits qui vous sont soumis ne sont pas efficaces. Je vous somme, par le nom ineffable ... de me ramener l'esprit de cet homme, afin qu'il vienne signer le contrat en votre présence. Je citai les noms de ces huit esprits sous-princes, ainsi que le nom de la victime. Après cela, je regardai intensément dans le miroir à travers l'eau du bassin. Cette fois, j'étais sûr de voir apparaître l'esprit du père du jeune homme qui se tenait à côté de moi. Au lieu de cela, je vis dans le miroir une grande étendue d'eau. Je scrutai en vain le miroir pour essayer de distinguer le fond de cette étendue d'eau. Elle était sans fond. Cette profondeur rendait toute exploration impossible. On aurait dit une mer ou un océan.

 

Je perdis mon calme. J'étais ennuyé à l'idée d'essuyer un échec dès ma première opération de capture de l'esprit condamné. Ce sentiment stimula en moi un certain entêtement. Je ne me décourageai pas pour autant. Pour la seconde fois, je jetai le contenu du bassin, sauf le miroir, bien entendu, et je remis une autre eau plus propre. Je triplai la puissance de la prière magique. Et je comptais passer à l'invocation des quatre esprits supérieurs, ou esprits méchants, lorsque l'idée me vint d'espionner d'abord l'esprit en question. En effet, d'après mon professeur, certains sujets sont sous la protection de certaines "maisons." Pour capturer de telles personnes, il fallait les passer à l'examen du tube magique. Ce dernier avait aussi pour fonction de déceler la protection dont bénéficiait le sujet, ainsi que le degré de cette puissance protectrice, afin de l'évaluer en la chiffrant.

 

C'est ainsi, par exemple, que si le degré de protection du sujet était de quatre, nous lui envoyions la même puissance, mais de valeur opposée, soit moins quatre. Quatre moins quatre égale zéro. L'individu se trouvait alors sans protection, et il était donc à notre merci. Nous pouvions faire de lui tout ce que nous voulions. Satan est comme cela! Avec lui, c'est la loi du plus fort! Selon les enseignements du professeur au sujet des personnes qui font l'objet de l'opération de capture, elles semblent souvent rêver ou être mal à l'aise. Mais le cas du père de notre jeune homme me laissa perplexe. L'examen du tube magique me donna l'image d'un vieux papa en train de danser au milieu d'un groupe de personnes. Le tube magique ne me révéla aucune protection sur lui. Vous comprendrez qu'il n'y avait donc aucun moyen de le neutraliser, puisqu'il n'avait rien sur lui. Mais qu'est-ce qui l'empêchait donc de venir à notre appel?

 

Un deuxième examen me donna l'image du vieil homme en train de récolter de l'argent au milieu d'un groupe de personnes. Je demandai au jeune homme qui était à côté de moi: Que fait ton père dans la vie? Il répondit: "Mon père est diacre dans une église protestante." Un simple diacre ne pouvait pas résister à un dieu! D'où provenait donc cet échec? Je voulus téléphoner au prof pour le tenir informé de la tournure des événements, mais je m'en abstins, me disant que si j'échouais à ma troisième tentative, alors je le ferais. J'invoquai donc les quatre princes méchants: Je vous invoque, vous les quatre princes méchants, afin de me ramener l'esprit de ce mortel. À moi... à moi... à moi... à moi! Je vous invoque pour que vous me rameniez l'esprit de ce mortel, mort ou vif! Sauf dans un cas comme celui-ci, où la victime devait mourir le jour même, nous donnions souvent un délai allant de deux jours à trois mois avant que la victime ne meure, bien qu'elle ait déjà signé le contrat.

 

Après avoir invoqué par leur nom ces quatre esprits méchants, je vis apparaître une main dans le miroir tenant par trois de ses doigts un tout petit livre. Les esprits servants qui m'aidaient dans cette opération se demandèrent entre eux: "Cette main est-elle celle de la personne que nous attendons, ou celle du propriétaire du livre? Le petit livre en question était un Nouveau Testament. Lorsque les esprits servants remarquèrent que le petit livre était un Nouveau Testament, ils s'enfuirent tous en me disant que le propriétaire de ce livre était toujours dans sa Parole. Ils s'enfuirent tous, me laissant avec le jeune homme. Ce dernier ne voyait pas les esprits. Du fait qu'aucun esprit n'était resté avec moi, il était impossible de continuer l'opération. C'était un échec cuisant, et il fallait prévenir le professeur.

 

Le jeune homme était toujours présent et avait suivi toute la scène. L'opération de capture de son père était un échec cuisant. La seule et unique possibilité qui restait à faire dans un pareil cas était de choisir une autre personne de la liste, mais en partageant en deux parties les années qui restaient à vivre au client. La première partie devait appartenir au client, et la deuxième à la "maison". C'est ce que j'expliquai au jeune homme: Tu sais que tu devras vivre 94 ans. Nous allons soustraire ton âge actuel du nombre de tes années, et nous diviserons la différence par deux. Tu dois donc vivre encore pendant 36 ans et 6 mois, puisque tu as 21 ans. La première moitié sera pour toi, et la seconde pour nous, après quoi tu pourras aller te reposer pour de bon. Toutefois, avant de le faire, je me fixe encore un délai de trois jours pour essayer de capturer l'esprit de ton père. Si je réussis, tu vivras, sinon nous exécuterons le plan que je viens de te décrire. Puisque tu es encore présent, tu peux signer d'avance le contrat, pour prouver que tu es d'accord avec le partage des années.

 

Le jeune homme signa pour approuver sa propre mort dans 36 ans et 6 mois, dans le cas où j'échouerais. Sa situation m'avait beaucoup peiné. Je promis au jeune homme de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour le sauver. Je savais d'avance que la "maison" n'attendrait pas 36 ans pour rappeler le jeune homme. Je le savais. La nuit, avant d'aller au cimetière, je me rendis invisible, et je passai à la maison du vieux diacre pour l'espionner. Aidé par les esprits errants, je fouillai en vain de fond en comble le domicile du vieux diacre, dans l'espoir de dénicher une protection quelconque, un fétiche ou un talisman... Alors, tapi dans un coin de la chambre à coucher du vieux diacre, j'attendais son retour pour le surveiller avant qu'il ne s'endorme. Je persistais à croire que le vieux cachait une protection occulte qui n'était pas détectable au tube magique, et qu'il conservait soigneusement. Car sa qualité de diacre ne pouvait pas à elle seule le protéger contre l'invasion d'esprits, voire même d'esprits supérieurs méchants. Mon raisonnement était fondé, puisque je connaissais des pasteurs, des prêtres, des abbés, et j'en passe, qui nous commandaient des talismans, soit pour leur avancement, soit pour leur protection contre des ennemis invisibles.

 

Mais ce simple diacre...! Tapi dans la chambre, j'attendis donc impatiemment son arrivée. Mon attente ne fut pas longue. Quelques instants plus tard, le diacre arriva. Après s'être déshabillé, il mit son pyjama. Avant de se mettre au lit, il s'agenouilla et fit cette prière: Seigneur Jésus, je vais bientôt dormir. Je ne sais pas ce qui peut m'arriver pendant mon sommeil. Je Te demande une chose: Garde mon esprit dans Ton Ciel, tout près de Toi. Qui peut monter là-haut et Te ravir mon esprit de Tes mains? Personne! Je Te prie ainsi en Ton nom, Jésus-Christ. Amen! Et il s'endormit (Colossiens 3:3). De l'endroit où je me trouvais, j'avais suivi toute la prière du vieux diacre. Chaque mot de sa prière avait pénétré mon esprit. L'esprit de cet homme était bel et bien là où il voulait qu'il demeure: Entre les mains de Jésus. Il fallait qu'il en soit ainsi, puisque même les quatre princes, les quatre esprits supérieurs méchants n'avaient pas pu ramener son esprit (Jean 10:29).

 

Je voulus abandonner la partie, mais la mort du jeune me chagrinait beaucoup. Je quittai la maison du vieux diacre, et je partis, pensif, pour le cimetière, têtu. En réalité, chers frères et sœurs en Christ, j'étais dans les ténèbres, dans la plus profonde ignorance. À force d’y penser, j’eus à l’esprit d'aller encore espionner le vieux diacre à son réveil. Il se pouvait qu'il détienne une protection quelconque qu'il n'honorait que le matin, et non le soir! Pour bien la dissimuler, il faisait semblant de prier le soir et, le matin, il vénérait sa puissance... À l'aurore, à ma sortie du cimetière, je me précipitai à son domicile. Le vieux se réveilla pour entamer une nouvelle journée. Chose étrange, comme s'il avait détecté ma présence dans la chambre, (je m'étais rendu invisible), le vieux, dès qu'il fut sorti de son lit, se mit à genoux et récita cette prière: Seigneur Jésus, le soleil se lève et toute la nature s'éveille. Il y a dans ce bas monde des gens qui en veulent à la vie des autres. Seigneur, protège mon esprit contre les attaques de telles personnes. Garde toujours mon esprit là-haut, de telle sorte que s'ils viennent à moi, ils me trouvent "vide". Par Ton Nom j'ai prié, amen!

 

Aussi banales que ces paroles puissent paraître, chers enfants de Dieu, j'ai expérimenté leur exactitude. Cette prière matinale me découragea complètement dans mes tentatives de poursuivre l'esprit du vieux diacre. Je me résignai à la perte du jeune homme, malgré ses principes que je partageais. Pour me consoler, je me dis qu'après tout, c'était de sa faute. Il n'avait qu'à choisir une personne qui ne confiait pas son esprit au Roi de tout esprit! Trois jours après la dernière tentative, j'expédiai les résultats de l'opération à qui de droit. Mes chers frères et sœurs, satan est un mauvais payeur. Il ne tient pas ses promesses. Voici sa méthode: Après vous avoir induit en erreur, il ne se soucie plus de vous. Par contre, il vous arrache la vie, de peur qu'en demeurant en vie, vous ne vous repentiez et vous convertissiez un jour. Car il sait bien que c'est sur cette terre que l'homme a toutes les chances d'être sauvé et d'avoir la vie éternelle. Ce n'est pas après la mort qu'on devient saint, mais c'est bien sur cette terre, si l'on est né de Dieu. Une année plus tard, le jeune homme en question fut trouvé mort dans son lit. C'était juste le genre de mort qu'il avait choisi pour son père. Le vieux diacre, son père, est toujours vivant.

 

3- La Conversion

 

Comme tout le monde, j'avais d'abord cru à l'existence de Dieu. Suite aux raisons que vous connaissez, ma vision concernant l'existence de Dieu avait complètement dévié. Les enseignements que me prodiguait le professeur, et les événements qui en découlaient, m'avaient complètement convaincu de Sa non-existence. Mais, à un certain moment, je commençai à remarquer des contradictions entre ce qu’il me disait et la réalité quotidienne, qui n'était d'ailleurs qu'une illusion. Du moment où je parvins à comprendre l'existence d'une réalité surnaturelle, il me fut impossible de pouvoir distinguer le bien du mal, le vrai du faux. Je me laissais vivre en attendant que la vérité se manifeste en moi. Dieu est Amour, mes frères et sœurs. Il m'a fait voir clair.

 

3.1- Le monde du cimetière

 

La première fois que j'ai connu le monde du cimetière, c'est le jour où j'ai signé le contrat par lequel je devais travailler pour la déesse Maharashathie. Cette même nuit, lorsque nous étions revenus dans notre monde, après minuit, le professeur m'avait amené au cimetière. Je n'avais pas peur de la nuit, du fait que mon corps avait été conditionné pour ce genre de circonstances. Lorsque nous arrivâmes au cimetière, après nous être rendus invisibles, le professeur prononça une formule incantatoire appropriée, et toutes les croix du cimetière disparurent. Ce phénomène ressemblait à ce qui se passe lorsqu'on engage une bande vidéo dans un magnétoscope, avant que les images apparaissent sur l'écran. Ce même phénomène se produisit sous nos yeux. Un univers mystérieux remplaça les croix du cimetière, un monde constitué de gratte-ciel et de grandes bâtisses bien illuminées et animées... Il y avait des allées et des avenues, et tout ce qui constitue une ville contemporaine moderne. La population était constituée de jeunes. Aucun vieillard, aucun enfant, tout le monde était jeune. La Bible nous parle toujours de l'existence du Ciel (lieu où habite Dieu), du paradis (lieu où se reposent ceux qui méritent le Ciel - Luc 23:43), de l'Enfer, et de l'abîme.

 

Lorsque quelqu'un meurt, s'il doit aller au Ciel, son esprit va directement au paradis, dans un lieu bien déterminé, différent du Ciel où se trouve Dieu. Mais si le défunt est candidat à l'Enfer, son esprit plane au dessus de son cercueil, jusqu'à ce qu'on l'enterre. Avant qu'il ne soit enterré, certains magiciens peuvent parler avec cet esprit qui plane au-dessus du cercueil en se servant d'un miroir, ou d'eau prise dans le tourbillon d'une rivière, ou encore d'un certain parfum. Lorsque le cortège funèbre atteint le cimetière, les esprits chargés du service d'accueil prennent le nouveau venu en charge, et lui font visiter ses nouvelles habitations. En dehors de mes occupations, qui étaient de "lier" les talismans, je travaillais aussi dans le service spécial d'accueil, ainsi qu'au calcul de l'horoscope des esprits "retardataires," et au service de contrôle: je traquais les esprits, surtout les femmes, pour qu'ils ne sortent pas du cimetière pour déranger les vivants, la nuit dans les bars. Pour ce qui est des esprits "retardataires," je vous donne quelques explications. Chaque cercueil n'était pas nécessairement accompagné de l'esprit de son occupant. Certains esprits n'accompagnaient pas leur corps au cimetière. Ils erraient encore dans le vide, parce que le cordon d'argent qui relie le corps à l'âme s'était rompu avant le temps. Pour les ramener au cimetière, je me servais des inscriptions figurant sur les croix tombales: Né à...., le...., décédé le...

 

À partir de ces données, j'établissais leur horoscope, et je déterminais leurs planètes. La planète me fournissait tous les renseignements possibles sur l'endroit où errait le défunt. Ceci nous permettait d'envoyer une équipe pour le récupérer. Tous les esprits n'étaient pas retardataires. Certains critères nous aidaient à les classer dans diverses catégories. On les nomme ainsi à cause de leur retard. Ils rejoignent leur corps avec un retard de quelques jours. Mis à part les esprits retardataires, il y avait d'autres esprits qui n'accompagnaient pas leur corps, et pour lesquels on ne pouvait déceler aucun critère ni aucun signe de retard quelconque. D'après la taille de leur cercueil, j'avais compris que c'étaient des enfants. J'en conclus tout d'abord que les bébés n'avaient pas d'esprit. Mais, au fil des jours, je remarquai que certains cercueils de bébés étaient pourtant accompagnés de leurs esprits. Je répète que dans l'autre monde, tous avaient la même taille et le même âge. C'est à la taille du cercueil que je déterminais l'âge des nouveaux venus au moment de leur mort. Je ne comprenais pas comment certains cercueils d'enfant avaient des esprits, alors que d'autres n'en avaient pas. Ce n'est que plus tard que j'en eus l'explication, que voici:

 

Normalement, les esprits des bébés ne viennent pas au cimetière, pour la simple et unique raison qu'ils sont purs devant Dieu. Ils n'ont pas de péchés. Les esprits des bébés qui venaient au cimetière n'étaient pas de Dieu. Que cette affirmation ne trouble pas votre entendement. Tout le monde n'est pas de Dieu. Rappelez-vous qu'au chapitre premier, le professeur m'avait remis deux cachets. L'un d'eux avait pour rôle de faire concevoir chaque femme avec laquelle je couchais. Ce sont ces bébés, issus d'une telle conception, dont les esprits viennent au cimetière, une fois que leurs noms sont rayés de la liste des vivants. S'ils parviennent à grandir sur la terre, ces enfants deviennent de beaux gars, des géants, qui occupent souvent des postes importants dans la hiérarchie humaine. Pour la plupart, ils sont célibataires mais riches. Il y avait parmi les personnes décédées, certaines personnes que je connaissais bien. Pour ces personnes, après leur mort, les membres de leurs familles respectives cotisaient de grosses sommes d'argent pour célébrer des messes de requiem, ou messes des morts, afin que les âmes des défunts reposent en paix.

 

Ironie du sort, c'étaient parfois les amis de mon professeur qui célébraient la messe pendant le jour, et qui nous rejoignaient ensuite la nuit au cimetière! Les parents de ces défunts s'attendaient à ce qu'à partir de leurs prières le "Bon Dieu" pardonne les péchés des morts et les accueille dans Son Ciel. Alors que c'était moi qui, dans le cadre de mes attributions, m'occupais de l'installation des nouveaux venus! Telles furent mes occupations pendant plus de sept ans dans le monde du cimetière. Depuis que j'avais entendu la chanson des pigeons sauvages, ma décision était pourtant prise. C'est à cette époque que l'idée me vint d'abandonner les pratiques magiques, mais seulement à partir de l'âge de 70 ans. En réalité, j'avais peur de mourir jeune et pauvre. Dans mon for intérieur, je n'étais pourtant pas certain de pouvoir abandonner la magie, parce que je savais ce qu'il adviendrait de mon âme après ma mort, du moins d'après ce qu'on me laissait croire. Mais lorsqu'il me fut donné de découvrir la vérité, ma décision fut irrévocable.

 

3.2- Le cercueil vide

 

D'habitude, lorsqu'on amenait un nouveau cercueil au cimetière, l'esprit du nouveau venu attendait à côté du cercueil, jusqu'à ce qu'on lui donne tout le nécessaire pour son installation. Ce jour-là, il y eut trois entrées, donc trois morts. À côté de ces trois cercueils se tenaient deux esprits qui attendaient leur installation. Il n'y avait aucun esprit auprès du troisième cercueil. La nuit, lorsque j'arrivai, je trouvai deux esprits au lieu de trois. Cela dépassa mon entendement, surtout qu'aucun des trois cercueils n'était celui d'un enfant et qu'aucun ne montrait les signes qu'il s'agissait d'un "retardataire". Je profitai de la présence du professeur pour qu'il m’éclaire sur les deux cas précis. Je lui demandai: Pourquoi les esprits de certains bébés ne viennent-ils pas au cimetière, et où est l'esprit de ce troisième? En effet, je ne savais rien de tout cela. Il me fit cette réponse philosophique: "Ces genres d'esprits ne viennent pas ici. En principe, sur cette terre, la vie de chaque homme comprend cinq composantes: La nourriture, le vêtement, la richesse, l'honneur et la gloire. Les âmes des personnes qui viennent ici sont celles des hommes qui ont vécu toutes ces cinq composantes sur la terre. Tandis que les âmes de ceux qui n'ont vécu que deux ou trois composantes de leur vie, pendant leur séjour sur la terre, ne viennent pas ici. Ils vivaient dans la simplicité et l'austérité, dans l'espoir de vivre les autres composantes de leur vie chez leur Maître."

 

Cette réponse du professeur, au lieu de satisfaire ma curiosité, ne fit que l'exciter davantage. Je voulus savoir qui était leur "Maître" et quel endroit leur était réservé après leur mort. À cette dernière question, le professeur ne donna aucune réponse. Pendant ma conversation avec lui, se tenait à côté de moi l'une de mes petites amies du cimetière, un esprit servant. Elle avait tout suivi de notre dialogue. Elle me prit à l'écart et dit: "Chéri, je m'étonne des questions que tu poses au professeur, après tout le temps que tu as passé parmi nous! Est-il donc vrai que tu ne saches pas où est parti l'esprit du troisième cadavre? C'est étrange qu'une question pareille vienne de toi! L'esprit du troisième corps ne peut pas venir ici pour la simple raison qu'il est chrétien. Tu ne peux pas dire que c'est plein de chrétiens ici! Oui, il y a des chrétiens qui viennent, mais ce sont des chrétiens de nom. Les vrais chrétiens ne viennent pas ici! Leur Maître ne veut pas qu'ils viennent ici. Il ne veut même pas qu'ils voient l'existence de notre monde. C'est pourquoi, lorsqu'ils meurent, Il les envoie chercher. Quant au lieu où ils vont, aucun de ceux qui sont ici ne le connaît. Nous avons eu beau chercher son emplacement, nous ne l'avons jamais trouvé, alors nous nous sommes résignés."

 

Sais-tu pourquoi les vrais chrétiens ne viennent pas ici? Un vrai chrétien, s'il a de quoi se vêtir et se nourrir, cela lui suffit. Il ne cherchera pas la gloire, l'honneur, la puissance, ou encore la richesse. Ce sont ces trois dernières choses qui poussent les êtres humains à se séparer de leur Maître et à venir ici. Quand j'eus entendu ces paroles, je fus saisi de peur. Peur de m'être trompé, ou d'avoir été trompé. Pour la seconde fois, je posai cette question: Quel est le nom du Maître des chrétiens, et qu'est ce qui nous attend, nous qui sommes ici maintenant? Ma petite amie sourit un peu, puis dit: Chéri, tu ne vas pas me dire que tu ne sais pas ce qui nous attend, nous tous qui sommes ici! Excuse-moi pour l'oubli, mais le nom du Maître des chrétiens, c'est Le Roi de tout esprit (de toute chair) (Nombres 16:22). Quand Il viendra juger les vivants et les morts, Il nous condamnera, nous tous qui sommes ici, et Il nous jettera dans un étang de feu éternel. C'est connu de tous. C'est pourquoi tu nous vois vivre dans l'opulence, car nous n'avons plus rien à perdre ni rien à gagner. Notre sentence est déjà tombée, nous n'attendons que son exécution. En attendant, nous nous amusons bien pendant ce sursis. À ces mots, je me souvins de ce que me disait souvent mon professeur, à propos de ce qu'il adviendrait de mon esprit après ma mort. Jamais il ne m'avait parlé de jugement dernier ni de condamnation.

 

Une colère froide inonda mon âme à l'encontre de mon professeur polonais. J'éprouvai pour lui une haine terrible. J'oubliai tous ses bienfaits. "Le Roi de tout esprit, c'est Jésus..." Ces paroles du troisième Felbuss me revinrent à l'esprit. Je me dis que ce que j'avais lu quelque part dans la Bible était donc vrai. Il ne m'était plus permis d'en douter. D'ailleurs, à quoi cela servirait-il encore de douter ou de nier l'existence de Dieu et de Jésus-Christ, puisque la source dont me parvenaient ces vérités n'avait aucun intérêt à me mentir? Tout mon corps tressaillit de la peur que j'avais ressentie. Je craignais que les autres sachent que j'avais enfin découvert ce qu'ils me cachaient depuis longtemps. Cette nuit-là, je pris la décision d'abandonner la magie et toutes ses pratiques, quelles qu'en soient les conséquences. Il fallait d'abord que je sorte du cimetière. Je fis semblant de travailler comme d'habitude, sans laisser personne pénétrer mes pensées. Le matin, vers quatre heures, je me rendis au lieu où se trouvait la sortie, et je récitai la formule incantatoire appropriée, pour la fermeture du monde invisible et l'ouverture du monde visible. Le monde féerique disparut pour laisser la place aux croix du cimetière plantées dans le sol. La rosée avait détrempé la végétation, et l'ombre de la nuit s'en allait, faisant ainsi place à un jour nouveau.

 

3.3- Je décide d'abandonner la magie (Lire la mise en garde
à la fin du témoignage)

 

Je savais que je devais mourir si je mettais fin à la pratique de la magie. La mort ne me faisait pas peur pour autant. Mon désir profond était désormais qu'après ma mort mon âme n'aille pas au cimetière pour attendre la condamnation éternelle, mais plutôt qu'elle aille où l'esprit du troisième corps était parti. Je ne voulais pas qu'après ma mort mon âme soit la risée de mes anciens partenaires, de ceux pour qui j'étais un traître. Mais pour que mon âme soit auprès du Roi de tout esprit, il fallait que je devienne "un vrai chrétien", pour que Jésus envoie chercher mon âme après ma mort. Pour devenir un vrai chrétien, je ne devais pas aller voir mon professeur car il m'avait déjà donné son avis sur Dieu. À mon retour du cimetière, j’allai voir un pasteur. Je lui racontai tout ce que j'avais fait dans le domaine de la magie, et tout ce qui m'attendait après avoir tout dévoilé à un non-pratiquant. Je ne lui cachai pas ce qui m'avait poussé à abandonner la magie, car je voulais devenir un vrai chrétien. Il fallait qu’il me dise comment faire, puisque mon professeur ne le savait pas. Le pasteur, bien qu'étonné et surpris de tout ce qu'il entendit de ma bouche, ne m'interrompit pas. Ce n'est qu'à la fin de mon récit qu'il me conseilla d'accepter le Seigneur Jésus dans mon cœur comme mon Sauveur personnel, et d'aller remettre au professeur tous les soi-disant pouvoirs et protections en ma possession. Il termina par ces mots: Tu ne mourras que si Jésus-Christ le veut.

 

Ma confession chez le pasteur avait pris assez de temps. Je retournai un peu tard chez le professeur, par rapport à d'autres jours. À la maison, je le retrouvai assis dans le salon, l'air inquiet. Visiblement, il m'attendait, car, lorsque j'entrai, il me demanda aussitôt: Où étais-tu passé? Je t'ai cherché partout après notre conversation, pour te parler de certaines choses que tu m'avais demandées, mais je ne t'ai plus revu, à mon grand étonnement. L'une de tes amies m'a dit que tu étais déjà parti. Je suis arrivé et je ne t'ai pas trouvé. Où étais-tu encore passé? Parle, je t'écoute, mon fils.

 

Mon père, depuis plus de dix ans je suis à vos côtés. J'ai cru à tout ce que vous m'avez dit, sans arrière-pensée, car je vous ai toujours considéré comme mon père. Mais, depuis un certain temps, j'ai remarqué certaines contradictions entre ce que vous m'aviez confirmé comme vrai, et la réalité que je vivais. Mon père, vous m'aviez remis une protection, en disant qu'elle me protégerait contre tout ennemi visible ou invisible, et pourtant, j'ai été paralysé par les cris d'un jeune homme, qui avait seulement prononcé un simple Nom; ce Nom dont vous niez l'existence, en voulant que je fasse de même. Je vous ai longtemps cru et respecté, mon père, malgré mes propres expériences qui contredisaient vos affirmations. Hier encore, je voulais éclaircir deux points pour lesquels mon raisonnement ne trouvait pas de solution adéquate. Votre silence n'a fait que confirmer mes doutes.

 

Suite à votre silence, et grâce aux réponses données par cet esprit servant qui se tenait à mes côtés, j'ai donc décidé d'abandonner la magie et de suivre Jésus quelles que soient les conséquences. C'est pour que je ne vous lâche pas que vous m'avez longtemps caché la vérité. Vous me la cachiez de peur que je vous abandonne, le jour où je la découvrirais. Maintenant que je connais la vérité, je ne vois pas ce qui me retient ici, ni ce qui m'empêche de vous quitter, cher professeur… Je viens donc vous remettre toutes mes protections et tous mes pouvoirs, pour ne suivre que Jésus-Christ. Je désire qu'à ma mort mon âme ne retourne plus au cimetière, mais bien à l'endroit où est partie hier l'âme du corps qui n'avait pas d'esprit. Je veux maintenant suivre Jésus, pour qu'à ma mort Il vienne me prendre et m'emmène à l'endroit que personne d'entre vous ne connaît. Excusez-moi, mon père, je dois vous quitter, et je dois quitter la magie. Je suis allé voir un pasteur ce matin et il m'a conseillé de tout vous remettre, protections et pouvoirs, afin de devenir chrétien. C'est pourquoi je vous donne cet objet. L'objet en question était un petit flacon contenant un liquide visqueux à l'intérieur duquel se trouvait une sirène vivante.

 

Le professeur m'avait très bien suivi. Il avait parfois acquiescé de la tête concernant certains points que je lui disais. Pour toute réponse, il me dit: Ce n'est plus à moi que tu dois remettre tes pouvoirs et tes protections, mais bien à la déesse Maharashathie. C'est avec elle que tu as signé le contrat t'obligeant à travailler toute ta vie. Alors, si tu tiens réellement à abandonner la magie, va la trouver. Tu connais le chemin, et le moyen d'y parvenir. Si je peux encore te conseiller quelque chose, avant d'aller trouver la déesse, donne-toi un temps de réflexion. Si tu changes d'avis, viens me voir, et nous parlerons encore. Mais si tu tiens à abandonner la magie, je te rappelle que tu mourras jeune et pauvre.

 

Dans mon excitation d'abandonner la magie, je n'avais pas réalisé toutes les conséquences graves de sa réponse. En d'autres termes, je n'avais pas réalisé le risque que je prenais en m’hasardant à aller au pays de la déesse pour lui remettre mes pouvoirs. Après réflexion, je me dis que ce serait un suicide de ma part. Je voyais mal la déesse, après que j'aie rompu le contrat qui me liait à elle, venir me redéposer à l'endroit où j'étais entré, pour que je retourne sain et sauf dans notre monde. Alors que je faisais ma valise pour déménager de chez le professeur, l'idée me vint de ne pas partir au pays de la déesse, mais d'aller plutôt invoquer le docteur Kaylash Payba, dieu de l'Inde, dans un cimetière situé non loin de la cité.

 

Ce choix d'un cimetière situé non loin des habitations était conditionné par la peur. J'avais peur qu'après avoir remis tous mes pouvoirs et protections, on ne m'interdise la sortie, pour que mon corps soit retrouvé le matin par les passants, au cas où l'on me tuerait. Je me disais encore qu'au cas où ils voudraient me faire du mal, je pourrais crier au secours et être secouru par les passants. J'avais peur! Je déménageai de chez le prof pour aller m'installer chez le pasteur, en attendant que ma vie se normalise. J'avais à présent terminé mes études et je détenais un diplôme d'Ingénieur Technicien en Agronomie générale. Je n'avais pas encore songé à travailler ni à chercher un emploi quelconque. Il était donc temps que je le fasse. Puisque je devais partir le soir au cimetière pour rendre mes pouvoirs, il me fallut passer tout l'après midi à écouter la Bonne Parole de Jésus, que me dispensa le pasteur. Il insista beaucoup pour que je remette à qui de droit tout ce qui me reliait encore au monde de ténèbres d'où je venais. Le soir du même jour, je me rendis dans un cimetière situé non loin de la cité, dans l'espoir de réaliser le plan que j'avais soigneusement conçu au cours de la journée. Arrivé au cimetière, j'invoquai le docteur Kaylash Payba.

 

Dans le passé, quand nous l'invoquions, il se manifestait par l'apparition d'une lumière lointaine qui grandissait au fur et à mesure qu'il approchait. Contrairement à sa manière habituelle d'apparaître, il m'apparut cette fois en planant. Il se présenta en disant: Je suis le Dr. Kaylash Payba, dieu de l'Inde. Voici, je marche dans les airs comme Dieu! À mon tour, je me présentai, et je lui dis: Je viens de la part de mon professeur. J'ai abandonné la magie et toutes ses pratiques. Je viens donc remettre mes pouvoirs et mes protections. J'enchaînai en lui remettant ceux-ci.

 

Après les avoir récupérés, il dit: Est-ce là l'unique raison de ta visite, ou as-tu autre chose à dire? - Je veux récupérer mes cheveux et la poussière de mon talon droit, lui répondis-je. - Va dans le bâtiment numéro deux, au deuxième niveau, regarde dans le tiroir de la deuxième chambre à gauche, et tu trouveras tout ce dont tu parles. Je partis, et je récupérai mes objets. J'éparpillai la poussière et je brûlai les cheveux. Je retournai ensuite auprès du docteur. - C'est tout? Me demanda-t-il. C'est tout, docteur, répondis-je. C'est bien, c'est bien… Tu sais ce qui t'attend, tu connais les lois: Demain à douze heures, tu mourras, me prévint-il. Docteur, je mourrai si Jésus le veut! Rétorquai-je.

 

Sur ce, je pris congé de lui et je partis. Sur le chemin du retour, je croisai un groupe compact d'esprits servants. Ils m'interdirent le passage, disant que le docteur voulait me voir pour un dernier entretien. Sans faire attention à ce qu'ils disaient, je leur demandai de me laisser passer, au nom de Jésus. Sur ce, ils s'écartèrent tous, et je passai au milieu d'eux. Arrivé chez le pasteur, je lui racontai tout mon entretien avec le Dr Kaylash Payba. Il m'encouragea et remercia même le Seigneur pour moi. Personnellement, je n'étais pas convaincu de l'efficacité de la prière, en ce qui concernait les menaces du docteur. C'est pourquoi je demandai au pasteur de me remettre une somme d'argent me permettant de me rendre à Yangambi, où résidaient mes parents. Je lui dis que je ne voulais pas mourir loin de ma famille. Le pasteur, après m'avoir exhorté à croire seulement au Nom de Jésus pour être sauvé, me remit la somme d'argent nécessaire pour mon transport jusqu'à Yangambi. Il m'accompagna jusqu'à l'endroit où l'on emprunte le moyen de transport pour Yangambi. En cours de route, il ne cessait de me répéter: Tu ne mourras pas, le Seigneur Jésus t'aime!

 

3.4- La maladie

 

À Yangambi, en dehors de quelques étudiants qui avaient assisté aux démonstrations magiques que je faisais en plein air à Kisangani, personne ne pouvait soupçonner mes activités mystérieuses. Ma conscience ne me reprochait rien vis-à-vis de mes parents. En effet, ils savaient que je faisais mes études à Kisangani, et que l'un de mes professeurs me logeait. Parfois, lorsque j'étais encore avec Hélène, je leur avais envoyé de petites sommes d'argent, tout en leur faisant comprendre que j'étais sans emploi. En réalité, je ne pouvais pas éveiller leur attention en leur donnant de grosses sommes d'argent. Donc, mon arrivée à Yangambi fut tout-à-fait normale à leurs yeux. Je fus bien accueilli, les voisins vinrent me dire bonjour. J'éprouvai un peu de chagrin à l'idée que toutes ces personnes chères me manqueraient pour de bon après douze heures, c'est-à-dire après ma mort!

 

À douze heures moins cinq, je leur dis que je me retirais dans ma chambre pour me reposer. En réalité, je ne voulais pas mourir en présence de mes parents. Avant de m'étendre sur le lit, je fis cette prière: - Seigneur Jésus, c'est pour Te rejoindre que j'ai quitté toute ma gloire, toute ma richesse et tout mon bonheur. Maintenant, je vais mourir… Je Te demande une chose, Seigneur Jésus: Je voudrais que mon âme ne parte pas au cimetière, là d'où je viens. Envoie tes anges récupérer mon âme, pour que je ne sois pas la risée de ceux que j'ai quittés, de ceux que j'ai abandonnés pour Te suivre... Je souhaite que mon esprit aille à l'endroit où l'esprit du troisième cadavre du cimetière est parti. Pardonne mes péchés et prends soin de mes parents. Amen! À douze heures, je sentis une faiblesse envahir mon corps. Tout mon corps, ainsi que la chambre où je me trouvais, fut inondée d'une forte odeur de parfum. Je me dis que le docteur avait tenu parole. Lorsque je sentis l'odeur du parfum, je me dis qu'ils étaient là. Puis je perdis connaissance...

 

À seize heures, je repris connaissance, et je constatais que je n'étais pas mort. Quelques instants après, les articulations de mon corps ne répondaient plus convenablement à ma volonté. J'avais perdu la mémoire. Je ne savais plus calculer un plus un, ni comment je m'appelais. Je ne savais plus m'exprimer convenablement. Je ne pouvais plus me tenir sur mes jambes plus de cinq minutes sans tomber ou perdre l'équilibre... Bref j'étais devenu retardé mental! Mes parents ne comprirent pas ce qui m'était arrivé. Moi, par contre, je le savais, mais je n'étais pas en mesure de le leur dire. Dans leur précipitation, ils m'emmenèrent chez des guérisseurs, pour me venir en aide. Pendant deux semaines, je suivis ce traitement indigène sans succès. On me faisait des incisions dans la peau du cou, des reins, du visage, du ventre, et des poignets, à l'aide de lames de rasoir, tout en y frottant avec les doigts des substances noires en poudre. Je suivis ce traitement sans qu'il y ait une quelconque amélioration de mon état de santé.

 

Il m'arrivait parfois de retrouver la mémoire pendant un intervalle de temps limité. Un jour, dans un moment de lucidité, je dis à mes parents: Ce traitement indigène dont je suis l'objet ne m'est d'aucune utilité. Ce sont des esprits qui sont responsable de ma condition actuelle. Ces féticheurs ne peuvent rien contre des esprits. Ils sont tous au service d'un seul et unique maître. Menez-moi plutôt à l'hôpital afin que j'aille y mourir, au lieu d'abîmer mon corps par ces incisions inutiles. À quoi bon toutes ces dépenses? Le lendemain, mes parents m'amenèrent à l'hôpital de l'Inera à Yangambi. Les médecins, après m'avoir examiné, diagnostiquèrent des palpitations cardiaques. Pour plus de précision, et pour ceux qui voudraient un jour vérifier la véracité de ce qui va suivre, je vous donne les noms des deux médecins qui firent le diagnostic: Le docteur Likwela et le docteur Kande. Ils conclurent donc que je me rétablirais après deux semaines de traitement.

 

Mes chers frères et sœurs, au lieu des deux semaines prédites, je restai deux ans à l'hôpital, pour n'en sortir que les pieds devant! Deux ans de privations et de souffrances atroces. Outre mon isolement et mes souffrances, il y avait aussi le problème de mon alimentation. En effet, sept ans passés à ne me nourrir que des aliments préparés au cimetière avaient conditionné mon estomac. Je vomissais tout aliment préparé que je voulais avaler, ou bien il me causait la diarrhée... Je fus donc obligé de renouer avec mon ancien régime alimentaire, qui consistait à ne manger que des aliments crus.

 

Lorsque j'étais encore chez le professeur il m'était facile de suivre ce régime. Mais me permettre un tel régime dans un hôpital à Yangambi était un luxe, que mes moyens ne pouvaient satisfaire. C'est ainsi que je pouvais passer trois à quatre jours à jeun, sans que personne ne m'apporte quoi que ce soit à manger. Je ne condamnais pas mes parents pour ce manque de nourriture. Je les comprenais. D'abord, ils n'étaient pour rien dans ce qui m'arrivait. Ensuite, les aliments qu'ils devaient m’apporter étaient rares sur le marché. Enfin, la distance qui séparait l'hôpital de la maison était aussi pour beaucoup dans cette privation. Je les comprenais donc.

 

Mes petits frères qui devaient m'apporter la nourriture se fatiguaient aussi. Au fil des jours, mes parents se désintéressèrent de moi, à cause de la durée de ma maladie. Une maladie qui n'avait d'ailleurs jamais été bien définie. Deux ans, ce n'est pas rien dans la vie d'un être humain. Mes parents souhaitaient soit mon rétablissement soit ma mort. Car ils étaient excédés, oui, excédés, de me voir souffrir, et de se voir dans l'impossibilité de faire quoi que ce soit pour me venir en aide. Alors, ils priaient, demandant au Très-Haut de me guérir ou de m'ôter la vie, car le fait que je demeure dans cette condition ne satisfaisait personne, sauf satan, bien entendu, mon ancien patron. Ma santé allait de mal en pis. Elle s'aggravait jour après jour, malgré les médicaments qui m'étaient administrés, grâce aux relations qu'entretenait ma famille avec certains infirmiers. Mon frère aîné était infirmier stagiaire dans cet hôpital. Après son stage, il me confia aux soins de ses amis, afin que je sois bien traité. Malgré ces soins, ma maladie s'aggravait toujours.

 

Je n'avais pas peur à l'idée de mourir. Ce qui me tourmentait était l'idée qu'après ma mort mon esprit puisse retourner au cimetière. Pour mettre fin à ce calvaire, je décidai de me suicider. Mais, me rappelant la condition des suicidés au cimetière, je refusai d'exécuter ce plan. Je préférais plutôt le réaliser par l'entremise d'une autre personne. Je demandai une fois à un infirmier de mettre fin à mes jours, par exemple en dépassant la dose de médicaments, ou tout simplement en m'empoisonnant. Sur le moment, l'infirmier ne répondit rien.

 

Deux jours après, il vint se mettre au chevet de mon lit, et me tint ce discours: - Ce n'est pas parce que tu es le frère de mon ami que tu dois te croire tout permis. L'acte que tu m'as demandé de commettre à ton égard est une ignominie dans le domaine de la médecine. Aucun docteur, aucun médecin, aucun infirmier au monde ne pourra accepter de commettre cet acte sans encourir des poursuites de la part de l'ordre des médecins. D'ailleurs, il serait rayé de cet ordre, et ne pourrait plus exercer sa profession. Tu vois donc que ce que tu me demandes de faire revient à trahir mon serment. Mais puisque tu veux mourir, attends, je vais t'y aider en te chassant d'ici! Comme ça, tu iras mourir où tu voudras, mais pas ici en tous cas.

 

Je vous informe que cet infirmier s'était informé sur mon passé, et qu'il savait qui j'étais. Pour lui, ce que je lui demandais de faire était de la magie. Moi, en revanche, je savais que c'était satan qui me faisait souffrir ainsi, pour me prouver qu'il n'était pas facile de l'abandonner. On m'amena à l'hôpital d'Essai, car il n'y avait pas assez de malades dans cet hôpital. Plusieurs jours passèrent. Un jour, j'étais assis dans la véranda, le dos appuyé contre une colonne. Je remarquai que le monde où je me trouvais se mit à me fuir. En d'autres termes, les images et les sons s'éloignaient de moi et revenaient. Lorsqu'ils s'éloignaient, tout devenait plus petit, et les sons devenaient inaudibles. Ce phénomène dura au moins dix minutes, puis tout redevint normal. J'en informai mon infirmier. Il me dit aussitôt que c'était la mort qui venait, et que si j'étais croyant il était grand temps pour moi de prier ou de me confesser.

 

Je me dis qu'enfin j'allais mourir, que la souffrance et l'isolement étaient finis, ainsi que la maladie et les tourments, et que j'allais enfin voir Jésus. J'allais Le voir face à face, Lui, le Roi de tout esprit, Lui qui était tellement craint, Lui, le summum de toute puissance! Après avoir annoncé à l'infirmier ce qui m'était arrivé, on me changea de chambre. Je fus alors transféré dans la salle des agonisants. Il y avait déjà un homme qui m'avait précédé dans cette salle, et qui occupait un lit. Il agonisait déjà. Pendant les cinq jours qui avaient précédé mon changement de chambre, personne ne m'avait apporté à manger. En plus de ma maladie, j'avais donc faim, et, malgré les couvertures, j'avais froid.

 

Je sentis un affaiblissement total envahir tout mon être. J'étais couché sur mon lit de malade. Il y avait un jeune garçon qui était venu rendre visite à un parent malade. Après qu'il l'ait cherché partout dans l'hôpital, on l'envoya dans la salle où je me trouvais. C'est là qu'il retrouva son parent à l'agonie. Le jeune homme s'empressa d'aller prévenir la famille de l'état de leur parent. Alors qu'il sortait, je lui fis signe de s'approcher. Lorsque je l'eus interpellé, il reconnut en moi le magicien de Kisangani.

 

Il me reconnut malgré mon amaigrissement. Sans lui donner le temps de prononcer une parole, je lui dis d'aller aussi prévenir les miens de la gravité de mon état, et j'ajoutai: je sens que la mort approche. Je vais mourir. Je le sens, et, d'ailleurs, les médecins me l'ont affirmé. Toi, par contre, va prévenir mes parents et dis-leur de se dépêcher, car ce sera leur dernière visite. Ils ne pourront plus revenir ici après ma mort, sinon pour transporter mon cadavre et l'enterrer. En mourant, je mets ainsi fin à leurs tourments. Dis-leur que je ne leur en veux pas de mourir si jeune. Ce n'est pas de leur faute. Eux, ils m'ont envoyé faire des études, et moi, parce que je voulais m'enrichir vite, j'ai tâté à la magie. Je n'ai qu'un seul regret en ce qui les concerne:

 

Je meurs comme un chien, comme quelqu'un qui n'a pas de famille, sans personne à côté de moi pour me fermer les yeux après ma mort. Depuis cinq jours, personne n'est venu me voir, et je n'ai rien mangé. Dis-leur que je ne leur en veux pas. C'est de ma faute... Va et répète-leur tout ce que je t'ai dit. Attendri par ce discours lugubre, le jeune garçon se mit à pleurer. Il refusa de partir, me disant qu'il préférait attendre que je meure, pour qu'il me ferme les yeux après, et qu'ensuite, il partirait faire la commission. Mais je refusai sa proposition. Pour le convaincre, j'ajoutai: Fais vite. Peut-être que si tu te dépêches, ils pourront venir me trouver encore vivant, et ainsi je pourrai leur dire ce que je n'ai pas eu le courage de te dire. Fais vite! Rassuré, le jeune garçon s'en alla tout triste. Quelques heures après son départ, j'éprouvai des sensations bizarres dans mon corps. Allongé sur mon lit dans la chambre d'hôpital où je me trouvais, je vis le Ciel descendre à une vitesse vertigineuse, et me couvrir les yeux. Je tournai les yeux de gauche à droite pour essayer de comprendre ce qui m'arrivait, mais, partout où je tournais la tête, je ne voyais que le bleu du Ciel, pas le noir de la nuit. Ma vue était partie... Quelques instants plus tard, les sons s'éloignèrent.

 

Je sentais les bruits qui étaient autour de moi s'éloigner petit à petit, jusqu'à disparaître complètement... Aucun son ni bruit ne m'était plus audible. J'en conclus que j'étais devenu sourd. L'ouïe était partie à son tour.... Je n'étais pas aveugle, pourtant je ne voyais que la couleur bleue. Je ne voyais rien et n'entendais rien de ce qui se passait autour de moi, mais je sentais tout ce qui s'y déroulait. J'étais encore conscient, en quelque sorte. Un moment après, je constatai que mes mâchoires pesaient très lourd et n'obéissaient plus à la force de ma volonté pour s'entrouvrir ou se refermer.

 

Je ne pouvais plus parler ni faire sortir un son quelconque. Pourtant, mon cœur battait toujours et je respirais, bien qu'avec peine, mais je respirais quand même. La parole était partie... Puis je sentis tout à coup un froid glacial, pour ne pas dire mortel, m'envahir et saisir mes orteils et mes doigts. À partir des orteils et des doigts, ce froid gagna progressivement tout mon corps, et convergea vers le cœur. Chaque membre de mon corps traversé par ce froid devenait insensible, comme s'il n'existait plus. Il me devint alors impossible de bouger, même un petit doigt. ... Puis vint le moment critique, moment atroce que traverse tout être né de femme.

 

Les battements de mon cœur résonnaient en moi avec une grande amplification, à la manière d'un marteau sur l'enclume d'un forgeron... Thoum! Thoum! Thoum!... La séquence des coups devint irrégulière. L'intervalle entre un coup et le suivant s'élargissait de plus en plus. J'eus peur et je voulus crier pour demander de l'aide, appeler au secours! Mais la voix ne sortait plus de ma gorge. Je voulais appeler un prédicateur de la Bonne Parole, le pasteur pour me baptiser... Je voulais même faire une courte prière, mais les idées ne me venaient plus. C'était trop tard... Tout était embrouillé dans ma tête. Je souffrais, et ma souffrance augmentait de plus en plus.

 

Mes chers frères en Christ, j'ai pleuré, regretté ma vie, surtout ma jeunesse. Je me dis que c'était ma faute si je souffrais ainsi. Pourquoi avais-je cherché à m'enrichir? Pourquoi avais-je cherché la puissance et la gloire en ayant recours aux moyens malhonnêtes? Pourquoi avais-je suivi aveuglement les enseignements du professeur? Pourquoi avais-je pratiqué la magie? Maintenant, je devais mourir prématurément, jeune et pauvre, alors que ceux de mon âge vivaient encore, bien que pauvres mais quand même vivants.

 

Maintenant, je devais payer le prix, mais quel prix? Une douleur lancinante m'étreignit le cœur. On aurait dit qu'un chirurgien mystérieux, mieux encore, qu'un boucher, coupait à vif, à l'aide de ciseaux, une région située au centre du cœur. À chaque coup de ciseaux, la douleur augmentait d'intensité. À chaque coup, j'inspirais une grande bouffée d'air. J'inspirais de l'air en grande quantité, mais mes poumons ne s'emplissaient jamais! On aurait dit qu'ils étaient troués et laissaient passer l'air sans le retenir. Nous savons tous que la respiration consiste à inspirer de l'air frais et à expirer l'air déjà traité par les poumons. Mais moi, je ne faisais qu'inspirer, alors que mes poumons ne me permettaient pas d'expirer... À chaque nouveau coup, la douleur devenait de plus en plus aiguë, et j'inspirais à présent de plus grandes bouffées d'air que les fois précédentes.

 

Bien chers frères, c'est à ce moment précis que tout homme a besoin de son Créateur. D'ailleurs, je n'ai pas de commentaires à faire là-dessus, puisque vous êtes déjà nés. Vous mourrez donc un jour, et vous passerez par cette expérience pour vérifier sa véracité... Je n'arrive peut-être pas à trouver les termes appropriés, mais les choses sont ainsi. C'est à ce moment-là que tu désireras connaître ton Dieu, toi qui ne L'as pas encore connu, et qui t'obstines à L'ignorer... Enfin, le dernier coup de ciseaux coupa ma dernière tranche! Tout l'air contenu dans mes poumons sortit et j'expirai... J'étais mort!

 

3.5- De l'autre côté de la mort

 

Quelques secondes après que mes poumons aient rejeté tout l'air qu'ils contenaient, je me vis me lever et me mettre sur mon lit, de sorte que mes pieds touchaient le sol. À côté de moi, sur l'autre lit, je remarquai une personne qui se levait aussi de son lit. Elle voulut savoir si j'étais prêt pour le voyage. En effet, il me semblait que je devais faire un certain voyage, mais pour aller où je ne savais pas! Alors je lui répondis par l'affirmative. Mon nouveau compagnon et moi, descendîmes de nos lits respectifs, et nous nous dirigeâmes vers la sortie. Tout en nous éloignant, je jetai un coup d'œil à l'endroit que je venais de quitter. Sur le lit, je remarquai une forme allongée et recouverte d'habits.

 

Je ne reconnus pas cette forme comme étant mon ancien corps, puisque j'en avais un autre, et que je n'étais pas fou non plus. Nous descendîmes donc des lits et nous nous dirigeâmes vers la sortie, dans le but de trouver un moyen de transport pour nous amener à destination, jusqu'alors inconnue. Nous partîmes nous installer de l'autre côté de la route qui passait par là.

 

Une voiture blanche s'arrêta à quelques mètres du lieu où nous étions. Le conducteur descendit et nous demanda si nous avions aperçu deux personnes avec des paquets en main, et il ajouta: Le Roi m'envoie chercher deux personnes qui, en principe, devaient se trouver ici. Nous répondîmes avec empressement qu'il s'agissait bien de nous. Il nous dévisagea un instant sans rien dire, rentra dans sa voiture, et partit. Après le départ de la voiture, notre attention fut attirée par un groupe de personnes qui venaient en faisant beaucoup de bruit, se tenant la poitrine tout en se lamentant. Sans faire cas de notre présence, ils nous dépassèrent et entrèrent dans la salle d'où nous étions sortis.

 

À l'intérieur, ils firent encore plus de bruit que dehors. Regroupés autour des deux lits, ils s'y affairaient en se lamentant encore d'avantage, en regardant les deux formes allongées sur les lits. Vu que le bruit qu'ils faisaient nous exaspérait, je m'approchai de l'un d'eux et le touchai pour qu'il m'explique la raison de tout ce vacarme. Il ne tourna même pas le regard dans ma direction. Je l’abandonnai pour aller trouver un autre du même groupe. Sa réaction fut identique à celle de la première. Je voulais contacter une troisième personne, lorsque mon compagnon intervint pour me dire de laisser tomber.

 

Il ajouta: Ne vois-tu pas qu'ils ne peuvent ni nous voir, ni nous sentir, ni nous entendre? Si c’est le cas, c'est que nous sommes morts... Cette déduction le mit mal à l'aise. Vexé, il me dit: Nous ne sommes pas morts et nous ne mourrons jamais, du moins en ce qui me concerne. Je suis vivant et je ne mourrai pas! Voyant le ton de sa voix et le calme avec lequel il s'exprimait, je ne pouvais plus douter. Convaincu, je me tus et le rejoignis au bord de la route. Un peu plus tard, les personnes en question s'éloignèrent de l'hôpital en emportant deux colis. Un long moment passa sans qu'aucun incident ne vienne troubler notre quiétude. Puis vint un autre véhicule, un bus cette fois-ci, qui s'arrêta tout près de nous. Le conducteur, sans sortir de son véhicule, nous demanda s'il s'agissait bien de nous, et si nous étions les deux passagers qu'on lui avait ordonné de ramener à bord de son véhicule.

 

Notre réponse fut affirmative. Étonné de notre réponse, il s'en alla déçu... Le silence fut rompu par une voix provenant d'au-dessus de nous, et qui disait: "Femmes chrétiennes!" Femmes africaines chrétiennes!" Levant nos yeux dans la direction d'où provenaient les voix, nous aperçûmes un grand navire, un bateau qui naviguait dans l'espace! Les passagers du bateau étaient des femmes noires, toutes coiffées de mouchoirs blancs. Sur le bateau était fixé le drapeau de Jésus.

 

Lorsqu'elles nous aperçurent, ces femmes agitèrent leurs mouchoirs dans notre direction, et entonnèrent une mélodie dont voici le texte: "Le drapeau de Jésus flotte et nous montre le chemin du Ciel! " Nous restâmes à contempler le bateau, qui disparut avec ses passagers dans les nuages. Nous répondîmes à leurs salutations en agitant nos mains. Longtemps après que le bateau ait disparu, je demandai à mon compagnon: Mon cher, toi qui dis que nous ne sommes pas morts, as-tu déjà vu un bateau naviguant dans les airs? Moi, pas encore, ce n'est qu'ici que je vois des choses pareilles. As-tu entendu les paroles de la chanson des femmes qui nous saluaient dans le bateau, tout à l'heure?" Le drapeau de Jésus nous montre le chemin qui mène vers le Ciel. "As-tu jamais entendu cela autre part, toi qui prétends ne pas connaître la mort?" Pour toute réponse, après avoir souri d’un air pitoyable, il me dit: Si toi tu penses que tu es mort, moi, je ne le sais pas, mon cher. Mais ne veux-tu pas que nous parlions d'autre chose, s'il te plait, car je ne sais pas de quoi tu parles, et je ne tiens pas à te l'expliquer en tous cas. Je me sentis ridicule devant l'attitude de mon ami.

 

À chacune de ses réponses, je sentais l'inutilité de mon insistance. Alors je me tus et me résignai, pour ne pas lui causer de soucis par mes questions. Un grand bruit nous fit sursauter: C'était un grand engin volant. Je le nomme avion pour une meilleure compréhension, mais, en réalité, ce n'était pas un avion. L'avion en question vint donc se poser à quelques mètres du lieu où nous étions. Le pilote sortit de sa cabine et fit signe à mon ami de prendre place à bord. Ce dernier ne se fit pas prier deux fois. Il entra sans protocole. Je m'apprêtais aussi à entrer, lorsque je vis la porte me claquer au nez. Le pilote, à l'aide d'un microphone, me dit qu'il n'avait pas reçu d'instructions précises à mon sujet, qu'il fallait attendre la décision du Roi, qui devait passer d'un moment à l'autre à cet endroit précis. Dans l'engin, mon compagnon suivait mon plaidoyer avec le pilote.

 

Soudain, une forte voix se fit entendre: "Le Roi!" Tout à coup, le Roi apparut. Son corps était transparent comme du cristal, c'est-à-dire que nos regards pouvaient traverser son corps sans peine, et voir distinctement les objets qui se trouvaient de l'autre côté. Il était beau et avait la stature d'un homme normal. Quelqu'un sortit de l'avion en tenant à la main un document, dans lequel il lut toute ma vie passée. Il y décrivit toutes mes actions, depuis le jour où j'étais devenu conscient, jusqu'au moment où, de l'hôpital j'avais envoyé le jeune homme prévenir ma famille. Le Roi suivit tout sans mot dire puis, à la fin, Il fit un signe négatif de la tête. Il ne prononça aucune parole. Puis Il disparut.

 

Au même instant, l'avion décolla en emportant mon compagnon. Alors que ce dernier s'en allait, un grand chagrin envahit mon cœur! Je restais seul, abandonné. Ce sentiment d'isolement me fit si mal que j'eus envie de pleurer. Mais, tout-à-coup, j'entendis une voix lointaine qui disait: "Jésus-Christ, Juge des Morts! Jésus-Christ, Juge des Morts! Jésus-Christ, Juge des Morts! " Cette voix s'approcha de moi et s'amplifia de telle manière qu'à la troisième fois je sentis comme si mes tympans éclataient. N'y tenant plus, et dans un ultime effort, je me réveillai!

 

3.6- Un ressuscité à Yangambi!

 

J'étais donc revenu à la vie! Lorsque j'ouvris les yeux, les premières choses que je remarquai furent les rameaux de palmier qui pendaient au-dessus de ma tête. Lorsque je tournai la tête, il y eut instantanément deux mouvements dans la foule qui était autour de moi: ceux qui étaient tout près s'enfuirent, se sauvant loin de moi, alors que ceux qui étaient éloignés s'approchaient pour voir pourquoi les autres fuyaient. Il y eut donc deux mouvements simultanés. L'heure était à la contemplation et à l'admiration. Personnellement, je ne comprenais rien de ce qui se passait. Il y avait plusieurs personnes autour de moi. Parmi elles, je reconnus certains visages. À ma gauche, il y avait un cercueil avec tous les éléments prêts pour une inhumation: Des draps bien blancs, des oreillers, et une partie de mes habits. Je portais un costume que je ne me rappelais pas avoir déjà porté. J'avais aux pieds des chaussettes blanches, et des gants blancs aux mains. Tout sentait le parfum. Le flacon était d'ailleurs déposé au bord du cercueil. Il était près de quatorze heures lorsque je revins à la vie. Des bougies brillaient aux quatre coins du cercueil. Lorsque je réalisai ce qui s'était passé, une grande joie inonda mon cœur. J'étais mort, et maintenant j'étais revenu à la vie!

 

En me levant du lit où j'étais allongé, mes premières paroles furent: "Gloire à Jésus-Christ, Jésus-Christ est vivant!" Les gens autour de moi, s'étonnaient, se demandant où j'avais connu Jésus. Après ce moment de joie immense, j'émis le vœu de me rendre à l'hôpital où j'avais été hospitalisé, et où j'étais décédé. Lorsqu'on apprit ma résurrection, tout le monde accourut pour me voir. J'avais passé plus d'une journée chez les morts car j'étais mort la veille vers dix heures, et j'étais revenu à la vie le lendemain vers quatorze heures. On m'apprêtait déjà pour mon enterrement lorsque je revins à la vie.

 

En route vers l'hôpital, tout le monde s'étonnait de ce que je parlais de Jésus Sauveur. Je sentais qu'une force m'entraînait vers l'hôpital. Je ne savais même pas ce que j'allais y faire. Arrivé à l'hôpital, je fus reconnu par les malades comme le décédé qu'on avait emmené la veille. Sans m'occuper de ce qu'ils disaient, je m'écriai à haute voix: "Gloire à Jésus-Christ, Jésus-Christ est Vivant!" Ces paroles, prononcées vers quinze heures dans un hôpital de Yangambi produisirent un grand miracle. Tous les malades furent guéris. Tous, sans exception! Même ceux qui avaient été opérés dans l'après-midi de ce même jour. Tous furent guéris, et les médecins n'en revenaient pas!

 

L'un d'eux, le docteur Baylo s'approcha d'un ancien malade qu'il avait lui-même opéré dans l'après-midi. Mais, en le voyant sautiller et courir de joie, il crut qu'il était devenu fou, en plus de sa maladie, ou que c'était lui-même qui devenait fou. Pour en avoir le cœur net, il appela un malade et l'obligea à se déshabiller. Ce dernier, sans vergogne, ne se fit pas prier deux fois. Alors le docteur remarqua comment celui qui avait formé le corps de l'homme avec la poussière de la terre savait guérir, Lui, Jésus...! Il ne restait plus aucune cicatrice ni trace quelconque de la moindre intervention chirurgicale. Pour un miracle, c'en était un! Un vrai, en tous cas! Le médecin ne savait plus que penser ni que dire. Bien sûr, il savait bien définir ce qu'était un miracle, mais il n'en avait jamais palpé un. Ce jour-là, l'occasion lui fut donnée d'en voir un, et il crut. Le soir même, il fut baptisé par immersion au Nom de Jésus! Faute de malades, l'hôpital resta vide....

 

Après ce grand miracle, je me souvins de mon compagnon de voyage, celui qui avait pris l'avion. J'exprimai le vœu d’aller chez lui. Là, le deuil battait son plein. Je m'approchai de ses proches parents et je leur demandai de m'écouter. Lorsqu'ils me reconnurent, ils se turent tous. Je leur conseillai de ne plus pleurer, mais de se réjouir, puisque leur parent décédé était "bien" à l'endroit où il se trouvait actuellement. Je leur expliquai tout ce qui s'était passé, et comment j'avais eu du mal à faire comprendre au décédé que nous étions morts. Comment il m'avait conseillé de ne pas chercher à connaître les raisons du vacarme qu'ils faisaient. Je leur fis comprendre que les pleurs et les lamentations n'avaient rien à voir avec les morts. Tout ce dont ils avaient besoin, c'était du calme et de la tranquillité. Je leur expliquai aussi comment le Grand Roi avait envoyé tout un avion pour transporter leur frère qu'ils pleuraient. Tous me suivirent attentivement. Personne n'osa m'interrompre. À la fin de mon récit, personne ne se remit à pleurer. Il était temps d'aller enterrer le corps de mon compagnon.

 

Bien qu'affaibli par la maladie, je transportai aussi le cercueil de mon ami. Je me disais en moi-même: "Si j'étais encore dans la magie, je ne pourrais pas voir l'esprit de celui-ci!" Arrivé au cimetière, il y avait deux trous creusés à même le sol au même endroit. L'un m'était destiné, et l'autre était pour mon compagnon. Nos tombes étaient mitoyennes parce que nous étions décédés le même jour. La vue de ma tombe suscita en moi les mêmes sentiments d'isolement que j'avais ressentis lorsque l'avion avait décollé, emportant mon ami... La fatigue, la faim et le chagrin finirent par briser le peu de forces qui me restaient encore. Me souvenant du départ de mon compagnon, je pleurai. Pourquoi étais-je revenu à la vie? Pour souffrir encore dans ce bas monde? Mon organisme avait besoin de beaucoup de repos et de nourriture. Je tombai par manque d'énergie, et je perdis connaissance! Évanoui, on me ramena à la maison. Je repris connaissance en cours de route.

 

Plusieurs jours passèrent. Je retournai à Kisangani. Mes parents choisirent une jeune fille en mariage pour moi. Puis je fus employé à la Société Cameza, agence de Kisangani. Cette entreprise fabrique des fils métalliques. J'avais le grade de Sous-directeur. La Société me logeait et j'avais une Land-Rover à ma disposition. Le Seigneur bénit Son œuvre à travers mon ministère, au sein de l'Église de Kisangani. Beaucoup de miracles se produisaient à travers nos prières, entre autres la guérison des malades mentaux. En effet, notre ministère concernait surtout les malades mentaux. Nous prions pour eux, et le Seigneur les guérissait tous. Parmi eux, il y eut les deux jeunes étudiants qui avaient pris la fuite lors de l'arrivée des Felbuss, le commando qui avait tiré sur moi, et bien d'autres personnes encore. Autour de nous se forma une cellule de prière.

 

Dans le cadre de mon ministère, je persuadai plusieurs personnes, à qui j'avais remis des talismans lorsque je pratiquais encore la magie, de suivre mon exemple et d’abandonner les pratiques magiques. Certains acceptèrent et abandonnèrent la magie, tandis que d'autres ne voulurent pas de mes paroles. Pour eux, satan avait resserré le bandeau de l'ignorance sur leurs yeux, de peur qu'ils ne voient la clarté de la prière, pendant qu'il faisait encore jour. Mon amour pour Dieu avait fait que je devienne évangéliste dans une communauté protestante de la place. Pendant six ans de ministère au sein de mon église, je tins secret le témoignage dont vous venez de prendre connaissance. Ce silence était dû à plusieurs facteurs: D'abord, je ne voyais aucun intérêt à raconter aux enfants de Dieu mon passé que je voulais coûte que coûte oublier. Ensuite, j'avais peur d'être traduit en justice par certaines personnes qui se sentiraient directement concernées par ce récit. Enfin, il y avait le respect dû à mon professeur qui, d'ailleurs, se trouvait toujours sur place.

 

3.7- La boule de feu

 

Autour de moi se forma un groupe de prière qui ne dépendait d'aucune autre communauté existante, sinon de Jésus-Christ Lui-même. Nous nous réunissions pour la louange, la méditation de la Parole de Dieu, la prière d'intercession et l'adoration. Comme je vous l'ai dit précédemment, le Seigneur nous avait donné le don de guérison... Un jour, on nous emmena sept malades, afin que Dieu les sauve par nos prières. Mais, malgré nos prières, aucun d’eux ne fut rétabli! Et comme s'était ajoutée à cela une certaine sécheresse spirituelle au sein de notre groupe, nous décrétâmes un jeûne de sept jours, afin de raviver la présence du Saint-Esprit au milieu de nous. Ce jeûne devait se terminer par une veillée de prière qui coïncidait avec la date du premier janvier 1986. Un événement se produisit alors au cours de cette nuit. En effet, nous nous trouvions au nombre de 32 dans une chambre de la parcelle située au 39, rue de Mangobo, Quartier Rongo, Zone de Matete, dans la ville de Kisangani. Nous exaltions Dieu par des cantiques de louange, et tout le monde transpirait! Tout à coup, une boule de feu descendit, et s'arrêta au milieu des quatre frères choristes!

 

Poussés par la puissance du Saint-Esprit, ces frères confessèrent à tour de rôle leurs méfaits à haute voix, tout en pleurs! Cette confession nous laissa pantois, car nous n'aurions pu imaginer un seul instant avoir au sein de notre chorale des voleurs, des escrocs, des impudiques et des assassins! Mais, prenant part à leur sincérité, nous nous mîmes également à pleurer, en implorant pour eux le pardon du Tout-Puissant. Comme c'est merveilleux de recevoir le pardon du Seigneur, d'être lavé de tous les péchés, et de vivre dans l'amour du Christ! Dans cette boule de feu que tout le monde voyait au milieu de nous, j'aperçus ce qu'Ézéchiel avait vu et écrit au deuxième verset de son livre: Un "Être en Blanc!" Cet Être de Lumière s'approcha de moi et essuya mes larmes! C'est alors que, ne pouvant maîtriser mon émotion, j'explosai de joie et je criai à haute voix: "Mes frères, le Seigneur Jésus-Christ a essuyé mes larmes, le Seigneur est là, Il est au milieu de nous!"

 

Après cela, l'Être redevint la boule de feu. Il s'éleva vers le Ciel en m'entraînant dans sa trajectoire, de la manière décrite dans Ézéchiel 8:3, tandis que, pour les frères qui priaient avec moi, je m'étais écroulé sans vie à même le sol! Tout au long de notre escalade, je vis plusieurs personnes quitter la terre vers le Ciel, l'Être dont il m'était toujours difficile de distinguer la forme me dit: "J'ai permis que tu fasses de la magie et que tu saches toutes ces choses pour les dénoncer à tes semblables par ton témoignage, pour qu'ils abandonnent leurs mauvaises voies, se convertissent et vivent. Cependant, tu te tais et tu prêches mon Évangile! Oui, mais témoigne d'abord devant tes frères pour que mon message parvienne dans leurs cœurs et y trouve sa place... Viens voir ce que coûte ton silence." Arrivés à une bifurcation, Il me dit: "Sur terre, vous dites toujours qu'il y aura un jugement, mais sans comprendre sa signification. C'est ici le jugement. C'est ici que chacun emprunte automatiquement sa direction, selon la vie qu'il a menée sur la terre."

 

"Vois-tu quelqu'un qui juge les gens qui viennent?" "Non, je ne vois personne", répondis-je. L'une des deux directions à emprunter aboutissait à un grand puits, un grand gouffre dont le fond, recouvert d'une matière noirâtre, comme celle qui a subi de grandes températures, ressemblait à un tuyau d'échappement de moteur. Nous nous approchâmes du puits de façon à en avoir une bonne vue d'ensemble. Et je vis des gens parmi lesquels se trouvaient ceux que j'avais pervertis, et que l'on précipitait dans le gouffre!

 

Avant de basculer, ils trouvaient le temps de gémir et de dire: "Ah! Si le pasteur Lisungi nous avait informés de ces choses, nous n'en serions pas là! C'est un mauvais pasteur!" Les autres disaient: "Lisungi nous a trompés!" Parmi ces derniers, je reconnus effectivement mes anciens clients de talismans, c'est-à-dire à qui j'avais remis de soi-disant pouvoirs et protections. Je réalisai mon crime avant même que le Seigneur eût ouvert la bouche: Le prix de mon silence! Je me sentis très mal à l'aise.

 

Se tournant lentement vers moi, et tout ému, le Seigneur me dit: "Toutes ces personnes que tu regardes périr portent mon image! J'ai sacrifié Ma vie pour le salut de chacune d'elles! Mon sang a donc coulé pour le pardon de toutes ces âmes. Peux-tu estimer la valeur de l'âme d'un être humain? Mais sache que la terre et les cieux n'équivalent pas à la valeur d'une âme. Alors, vois-tu combien d'âmes se perdent suite à ton silence? Que me donneras-tu en compensation? Rien... pas même ta propre vie, car elle aussi est précieuse! Par conséquent, toi aussi tu seras là!" "Moi, Seigneur? Implorai-je."

 

Il répondit: "Oui, Toi!" À ces mots, je tombai à genoux tout en pleurs, et je l'implorai en ces termes: "Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, mon Dieu, pour que tu me fasses voir la gravité de mon péché, accepte, O Seigneur, de me pardonner. Je ne savais pas que mon silence pouvait être aussi fatal. Accorde-moi, je t'en supplie, une chance de dénoncer sans rien omettre tout le mal que j'ai connu, qui sévit dans ton peuple et qui le détruit, car je ne savais pas qu'il en était ainsi. Pardonne-moi!" "Ici, il n'y a pas de pardon", répliqua le Seigneur.

 

3.8- L'enceinte et la mare

 

Mais le Seigneur me fit signe de me lever et de Le suivre. Nous quittâmes ces lieux affreux pour aller vers un autre. Arrivés à un certain endroit de notre parcours, je me sentis comme aspiré dans une sorte de tunnel invisible, à la sortie duquel je remarquai une très grande clôture, un mur d'enceinte qui allait à perte de vue dans les deux sens. Visiblement, l'enceinte grouillait de monde. Il y en avait même au-dessus du mur, et ils semblaient heureux. Je me dirigeai vers la porte avec l'intention d'entrer, mais, lorsque j'y fus arrivé, l'homme à côté de moi me dit: "N'entre pas, car tu ne saurais en sortir!"

 

Malgré ce sage conseil, ma curiosité me poussa à essayer d'entrer par mes propres moyens, mais sans succès car à chaque tentative, comme s'il lisait dans ma pensée, mon compagnon intervenait énergiquement pour m'empêcher de le faire. Il me demanda d'attendre ici, ce que je fis. Lorsque je tentai de réaliser ce qui m'arrivait, une femme apparut à quelques pas de nous. Une femme triste et mal vêtue qui avançait sans ardeur vers nous, en pleurs, et en fredonnant cette mélodie: "Même si sur cette terre j'éprouve des difficultés, ces difficultés ne sont que passagères, car chez Jésus, mon Sauveur, je serai à l'aise. Alléluia! Alléluia!"

 

Le grand portail s'ouvrit et un homme robuste sortit de la clôture, portant de beaux habits qu'il remit à cette femme. Elle s'habilla proprement sans cesser de chanter sa mélodie, dont la deuxième strophe disait ceci: "Même si on nous rejette sur la terre, ce rejet n'est qu'éphémère, car le Seigneur Jésus m'aime! Alléluia! Alléluia!" Pendant tout le temps qu’elle mit pour s'habiller, la porte resta entrouverte, ce qui me permit d'apercevoir l'ambiance qui régnait à l'intérieur. Plusieurs personnes, toutes heureuses et munies de divers instruments de musique (maracas, synthétiseurs, harmonicas...) exprimaient leur joie en chantant des cantiques de louange dédiés au Créateur.

 

Puis, du lieu où nous étions, nous vîmes un homme bien portant venir dans notre direction, mais il marchait en zigzaguant. On aurait dit un ivrogne ou un aveugle, ou encore quelqu'un qui ne connaissait pas son chemin. Lorsque l'homme arriva près de nous, deux êtres tout de rouge vêtus surgirent de nulle part, l'empoignèrent et l'entraînèrent dans une direction opposée à la porte de l'enceinte! Mon compagnon me demanda de les suivre, ce que je fis. Au bout de la course, j'aperçus des mares semblables à de très grands bassins, et un fleuve d'un liquide rougeâtre bouillant, comparable à de l'huile de palme chauffée à 2.000 degrés.

 

À la vue de la mare en ébullition, l'homme essaya de résister, mais ses deux gardes le soumirent à un plongeon dans le liquide. Au contact de son corps avec cette matière bouillante, l'homme ne put s'empêcher de lâcher un gémissement infernal. Il se débattit à la manière d'un poisson de mer qu'on grille, et son corps prit la forme d'un fossile de science-fiction. En observant la scène, je me dis que je n'aimerais pas partager le sort de cet homme. À côté de moi, mon compagnon, qui lisait manifestement dans mes pensées, me dit avec simplicité: "Si..., si...., ta place est ici!"

 

Pour la seconde fois, je tombai à genoux en pleurant, Il me releva et nous regagnâmes notre première place. Entre-temps, sur le chemin du retour, Il m'expliqua: Cet homme était un homme de bien, il faisait des aumônes aux pauvres et de grandes libéralités aux indigents. Juste au moment de sa maladie, une situation a fait qu'il s'est emporté furieusement, au point d'en succomber, sous le choc de l'émotion... comprends donc qu'au moment de sa mort, il n'était pas animé de Mon Esprit, mais plutôt par celui de la colère. Et pourtant, vous lisez que celui qui n'a pas l'Esprit de Christ ne peut pas lui appartenir! (Romains 8:9). Ce qui a donc manqué à cet homme, c'est l'Esprit, pour le conduire à Moi. C'est pourquoi tu l'as vu être amené sans qu'il puisse résister."

 

Mes bien-aimés, l'Apôtre Paul voyant la perversion du cœur humain, qui est toujours enclin au mal, nous conseille de ne pas conserver en nous la colère: "Que le soleil ne se couche pas sur ta colère", nous dit-il. En effet, j'ai regretté le sort réservé à cet homme. Après cela, je vis venir une femme. Elle marchait lentement, traînant derrière elle un fardeau. Au fur et à mesure qu'elle approchait, ce qu'elle traînait lourdement entre ses jambes pouvait être distingué: C'était son sexe! Un sexe qui avait grossi démesurément, au point qu'elle le traînait à même le sol! Arrivée près de nous, personne n'osa la regarder deux fois tellement c'était affreux, sale, répugnant, et nauséabond! Elle fut aussitôt acheminée vers les mares en ébullition. Avant d'y plonger, elle s'exclama: "Ah! Toi, chose que j'ai tant désirée, toi qui faisais ma joie: Tu me nourrissais, me logeais et me vêtais, voici où tu m'amènes...! Pour m'expliquer le sort de cette femme, mon compagnon me dit: "Malgré les conseils que je lui prodiguais à travers mes ministres, elle n'a pas cessé de se prostituer, et disait que son sexe était sa raison d'être." Je vis plusieurs femmes jetées elles aussi dans la mare, sans qu'on me révèle pourquoi. Mais je compris de moi-même qu'elles l'avaient été pour cause d'adultère.

 

Puis vint le tour d'un jeune homme. Au fur et à mesure qu'il progressait vers l'entrée de l'enceinte, sa poitrine bombait et augmentait démesurément de volume, de sorte qu'il lui fut impossible d'entrer par le portail! Il se débattit pour entrer, mais sans succès. Il fit de grands bruits, jusqu'à nous inviter à lui venir en aide. Alors survinrent les deux hommes en rouge qui l'apostrophèrent, lui donnant l'ordre de ne pas nous déranger. Après quoi ils l'empoignèrent. Le jeune homme ayant manifesté une protestation, fut sévèrement battu et entraîné en direction des mares. C'était un grand bagarreur, un assassin très féroce, et voici où l'amène sa méchanceté! M'expliqua mon compagnon. Après cela, une femme vint pour entrer dans l'enceinte. Juste dans l'entrebâillement de la porte, plusieurs enfants vinrent s'enrouler et bloquer les gonds, dont ils empêchèrent tout mouvement.

 

N'ayant pu entrer dans l'enceinte, la femme fut surprise par les deux hommes en rouge qui l'entraînèrent de l'autre côté, tandis que les enfants regagnaient l'intérieur. Voici l'explication que je reçus: Cette femme a tué plusieurs personnes par des avortements. Elle a beaucoup avorté, depuis son jeune âge jusqu'à son mariage! Sans succès, j'ai envoyé plusieurs personnes pour qu'elle se repente et abandonne ses abominations. Mais elle répondait toujours qu'un fœtus n'est qu'un amalgame de sang et pas un être humain! Et pourtant, l'esprit qui anime cet "amalgame" de sang est le même que celui qui anime un vieillard. En effet, c'est le corps qui évolue et grandit, mais l'esprit reste le même. Ainsi, celui qui tue au moyen d'une arme blanche, celui qui tue par des procédés magiques, et celui qui tue par n'importe quel autre moyen, sont tous dans le même sac que ceux et celles qui tuent par avortement! Pour ceux-là, il serait préférable qu'ils ne soient pas nés!

 

Ensuite, je vis venir un homme qui fredonnait une chanson, tout joyeux. Lorsqu'il s'approcha de l'enceinte dont la porte venait de lui être ouverte, six femmes s'échappèrent de la mare et lui bloquèrent le passage en protestant énergiquement contre le fait qu'on lui avait ouvert la porte. Elles dirent: Ce serait de l'injustice que cet homme soit sauvé et que nous, nous subissions seules le châtiment! Puisqu'il est la cause de notre perte, que Justice soit faite! Le Seigneur me questionna: "Te souviens-tu de la femme qui est entrée ici?" "Oui", répondis-je. Alors Il m'expliqua: Elle est l'épouse de cet homme. Ils étaient pauvres lors de leur mariage. Ma servante Me suppliait souvent de lui venir en aide. J'exauçai sa prière en la comblant de biens, et elle devint très riche. Cependant, malgré ses richesses, elle ne M'abandonna pas. Son mari, cet homme que tu as vu entrer ici, lui confisqua tous ses biens et se les appropria. Comble de tout, il la répudia pour épouser celles que tu as vues! Bien qu'elle ait été répudiée, ma servante ne cessait d'implorer Mon pardon pour son mari, et pour que Je le fasse revenir à la maison. Suite aux interventions de sa femme, toute la colère que J'avais contre cet homme fut apaisée (Matthieu 19:4).

 

Se moquant de Moi, ce dernier répondait à Mes serviteurs qu'il était prêt à reprendre sa femme, à condition qu'elle consente à partager le lit conjugal avec ses six rivales, chose que ma servante ne pouvait accepter, de peur de partager le péché (1Corinthiens 6:16). Elle est donc demeurée seule jusqu'à sa mort, rejetée même par ceux de sa famille, car ils ne comprenaient pas pourquoi elle ne voulait pas cohabiter avec ses rivales. En réponse à mes serviteurs, les concubines avaient avancé la raison qu'elles ne pouvaient abandonner leurs enfants. Ce n'était pas vrai, car en réalité c'étaient elles qui ne pouvaient se défaire de la vie de facilité qu'elles avaient auprès de leur amant. En effet, cet homme était excessivement riche. L'horreur de la pauvreté, l'amour de l'argent, de l'honneur et du luxe, avaient endurci leur cœur, au point d'entraîner leur perte (Matthieu 6:24). Les six femmes sont mortes à leur tour. L'homme ne s'est pas converti pour autant! Il a continué sa vie de désordre. Mais, voyant la mort s'approcher, il invita mes ministres à lui prêcher la bonne Nouvelle, et il s'est repenti juste avant sa mort. Je lui ai pardonné, mais il est quand même responsable du sort de ces femmes.

 

3.9- La mission

 

Je recevais d’habitude dans notre groupe de prière toute personne qui nous déclarait avoir accepté Jésus-Christ dans sa vie, sans nous enquérir au préalable de ses activités. Nous nous basions sur le verset qui dit que le juste vivra par la foi. Mais, par la suite, nous avons découvert, même parmi nos diacres, des détenteurs de débits de boissons ou d'hôtels de passe. Ce jour-là, du haut de Son Ciel, et après que nous ayons quitté le lieu où nous étions, le Seigneur me fit voir les œuvres de mes contemporains. Je vis alors des choses inimaginables! En effet, le Seigneur me fit voir comment, par son débit de boisson, le diacre enivre les gens! Une fois ivres, ceux-ci font tout ce dont ils sont capables. Alors je compris que Dieu est Saint. Le Seigneur me dit: Regarde ce pasteur! Vois comment il met la main dans sa poche et sort de l'argent pour le remettre à cette fidèle!

 

Je suivais la scène comme sur un écran de télévision. Oui, mes bien-aimés, Dieu voit tout! Je vis comment le pasteur, dans une chambre d'hôtel, caressait la poitrine d'une fille... Quand il se mit à la déshabiller pour faire l'amour avec elle, je fermai les yeux et détournai mon regard pour ne pas voir la scène. Mais, chose étrange, même avec les yeux fermés, je voyais toujours! Je m'étonnai de ce phénomène, mais je compris ce que voulait mon Seigneur: Me faire toucher le mal du doigt. Alors je tombai à genoux pour la troisième fois, et je L'implorai: "Libère ma vue de ces obscénités!" En guise de réponse, Il me dit: "Tu es scandalisé à la vue de ces choses? Et pourtant tu es un homme... Peux-tu ressentir ce que Je ressens, Moi qui dois voir toutes ces abominations?" Je vis ensuite une fillette de 12 ou 13 ans entrer dans un hôtel, accompagnée d'un vieux papa qui pouvait avoir l'âge de son grand-père. La fillette y avait consenti à cause de l'argent! Malgré les cris de douleur, les pleurs et les saignements de la fillette, ce vieux s'acharnait sur elle!

 

Le Seigneur me fixa de Ses yeux tendres et remplis d'amour, et me dit: C'est là l'un des péchés qui sévissent dans l'humanité, y compris dans ton pays, le Zaïre! Lorsqu'Il eut dit ces mots, je vis des larmes couler sur Ses joues, et il rajouta avec angoisse: Voici comment le monde se perd! Après cela, mon compagnon m'amena dans un autre lieu très différent de celui où nous nous trouvions tout à l'heure, et me demanda: "Veux-tu voir le Maître du monde?" "Oui", répondis-je. Alors nous commençâmes à escalader une colline. Au fur et à mesure que nous montions, il me semblait que le macadam, d'un jaune tacheté de vert, risquait de céder sous mes pieds, ou que j'allais glisser ou tomber! Mais rien de cela n'arriva. Je vis le monde entier. Oh! Un monde qui s'illuminait de toute part et de plus en plus, et dont la lumière, très intense, commençait à m'éblouir. Je m'impatientai presque du fait que nous n'avions toujours pas atteint le sommet. Un instant après, Il me consola, en me disant: "Encore un peu, et nous y sommes... Mais ces gens ne cessent de te réclamer." S'inquiéta-t-Il. Tout-à-coup, comme s'il y avait eu un changement de dernière minute, tout disparut!

 

3.10- Va à Béthel!

 

Puis Il m'emmena au-dessus d'une colline, du haut de laquelle j'aperçus une grande ville qu'Il me montra: "C'est Kinshasa, votre Jérusalem à vous, Zaïrois!" Pour la première fois depuis ma naissance, je pus contempler la capitale politique de mon pays, le Zaïre! Nous y descendîmes et nous survolâmes la ville. Je pus lire certaines inscriptions sur quelques toits ou sur les murs des enclos. Pendant ce survol, le Seigneur me parla de beaucoup de choses. Mais tout à coup, Il manifesta de l'inquiétude, en me disant qu'Il était très interpellé, dérangé et importuné par des gens qui me réclamaient! "Ces gens insistent depuis longtemps, ils ne se lassent pas de M'importuner, et J'en suis fatigué..." Se lamenta-t-Il. Alors, Il me dit: "Tu vois ce pasteur-là, avec cette femme? Tu vois ce diacre? Tu vois cette diaconesse?... Et ce qu'ils font?... Tu vois cet homme-là?... Tu vois...?"

 

Effectivement, je les vis tous! "Pars, je te les ai montrés." Termina-t-Il avec amertume. Et je vis le quartier de Kin-Maziere. Il y avait là quelqu'un dont je tais le nom, de peur que vous ne le reconnaissiez. Le Seigneur me dit: "C'est un pasteur, mais il a deux femmes... l'autre, il l'a cachée... La voilà!... Son nom est Mado! Va, et dis-lui d'abandonner son péché.... Va." Ensuite, au niveau du Boulevard Lumumba, dans la zone de Limeté, le Seigneur me montra un mur de clôture donnant sur la première rue, sur lequel je lus les inscriptions suivantes: Groupe Charismatique de Limeté, Première Rue - Limeté, Cité de Béthel, "Permanence".

 

Nous nous attardâmes devant cette inscription qu'Il pointa du doigt, en me disant avec insistance: "Tu iras d'abord donner témoignage à Béthel, avant d'aller le faire ailleurs à Kinshasa... Fais-le d'abord dans cette Assemblée, et tu verras ce que Dieu va faire! Ensuite tu iras où mon Esprit te conduira. Je serai avec toi." Encore une fois, Il me dit: "Regarde, on t'appelle toujours, et je suis fatigué par ces appels pressants et incessants... Les voilà!" Je cherchai à savoir qui étaient ces gens qui s'offraient le luxe de troubler une si bonne conversation que j'avais avec mon Créateur. Je crus un instant qu'ils étaient derrière moi et, lorsque je détournai les yeux pour les voir, pour la seconde fois..., je me retrouvai revenu à la vie, allongé sur une chaise longue...! Les gens qui me réclamaient étaient effectivement là. Ils me réclamaient, et ne cessaient d'implorer mon retour au Seigneur. Car, pour ce deuxième décès, personne ne pleurait, mais tout le monde était plutôt en prière.

 

J'étais revenu à la vie sans avoir vu le Maître du monde! Moi qui avais subitement eu tellement envie de Le voir! Cela me fit énormément de peine! En même temps, je fus agréablement surpris par la foule très dense de ceux qui étaient venus me pleurer et assister au second décès du frère Lusungi! C'était formidable, extraordinaire! Parmi ceux qui m'entouraient il y avait mes frères, compagnons de jeûne, mes professeurs norvégiens, ceux qui avaient été guéris par le Seigneur par notre prière... C'était fantastique! Il y avait des religieuses et des religieux de différentes confessions religieuses. Des sœurs en Christ, de diverses congrégations, étaient également là! Et le nombre impressionnant de véhicules...! Tout cela me dépassait et je m'en réjouis énormément.

 

Il y avait aussi dans cette foule un homme en blouse blanche, un infirmier diplômé. Il s'était passé entre lui et mes compagnons de jeûne une scène, dont voici le récit: En effet, lorsque la boule de feu m'avait entraîné, ils avaient vu que je m'étais écroulé, sans connaissance, comme je vous l'ai dit plus haut. Il était exactement minuit trente minutes. Certains d'entre eux manquèrent de foi, et dirent que le Seigneur m'avait puni parce que j'avais renoué avec mes anciennes pratiques magiques. Tandis que d'autres, plus fermes dans leur foi en Christ, soutenaient que le Seigneur m'avait retiré d'entre eux pour me parler. Les premiers, dans leur insistance, firent appel à l'infirmier en question, qui arriva avec tous les instruments nécessaires pour une auscultation. Il conclut à une mort causée par un brusque arrêt du cœur. Il s'apprêta à signer le certificat de décès.

 

Mais son diagnostic ne fut pas accepté par les frères qui restaient optimistes. Cette attitude mit mal à l'aise l'infirmier, qui pensa qu'on doutait de ses compétences. Au même moment, une prophétie sortit de la bouche d'une jeune fille de 13 ans, annonçant: "C'est Moi, Jésus, qui ai rappelé mon serviteur Lisungi auprès de Moi, pour lui confier une mission très importante à travers le monde. Je le renverrai au milieu de vous." Si ce message avait apporté un soulagement aux frères, il avait par contre endurci le cœur de l'infirmier, qui ne croyait pas encore que Celui qui avait créé la parole pouvait parler. Il apostropha la fille, en la traitant de menteuse et de profanatrice de Dieu. Puis il conclut en ces termes: Je sais que c'est Dieu qui a donné aux hommes l'intelligence pour soigner et guérir leurs contemporains. Mais c'est aussi par la grâce du même Dieu que j'ai la certitude de la mort de l'homme dont le corps est étendu devant nous. C'est quelqu'un qui n'a pas eu la chance de résister à un jeûne de sept jours. Généralement, ce sont les femmes qui y parviennent sans problème, mais les hommes se limitent à cinq jours seulement. Mais puisque vous vous accordez pour soutenir qu'il va revenir à la vie, je veux bien rester ici pour voir comment cela va arriver, et je deviendrai alors plus chrétien.

 

Un long moment s'écoula sans que rien ne se produise, et l'infirmier diplômé était toujours là lorsque, vers six heures, deux sœurs en Christ qui ne priaient pas dans notre communauté vinrent donner ce message: "Le Seigneur Jésus nous envoie vous demander de ne pas vous inquiéter à propos du frère Lisungi, et de vous informer qu'il reviendra à la vie avec une importante mission qui le conduira à travers le monde." Alors les esprits se calmèrent davantage. Et je revins à la vie. Il était onze heures cinquante-cinq minutes. Ce fut à la fois une grande joie parmi les frères, et un grand étonnement pour l'infirmier diplômé qui, alors seulement, affermit sa foi dans le Seigneur, et reconnut que rien n'est impossible à Dieu. C'est donc ce que j'appris sur l'infirmier en question à ma seconde résurrection.

 

À mon tour, je relatai aux frères tout ce que je venais de vivre et d'entendre auprès du Seigneur, et qui les concernait, tous étaient enthousiasmés et glorifièrent Dieu. Je leur expliquai également tout sur ce mal, ce fléau, le plus grand péché que le Seigneur m'ait révélé, et qui sévit dans le Zaïre, notre pays: L'adultère! "Le Zaïre est en perdition," leur confirmai-je. "C'est ainsi que le Seigneur m'envoie prêcher. Il m'a dit que lorsque j'aurai achevé ma mission de prédication, Il m'amènera quelque part où Il va me reprendre pour toujours, c'est-à-dire que je mourrai à nouveau!" Ce premier jour de l'an, il y eut beaucoup de conversions à Kisangani, et plusieurs personnes résolurent de vivre en Christ.

 

Nous repoussâmes l'idée de faire appel à l'assemblée pour fournir l'argent nécessaire à l'achat du billet pour le voyage à Kinshasa, afin de mettre notre foi à l'épreuve. Dieu exauça notre prière. Un jour, poussé par je ne sais quelle force, je me levai de grand matin pour une promenade au port de l'Onatra. En cours de route, je croisai un militaire, un Adjudant que je n'avais jamais connu avant. Après m'avoir salué avec la chaleur fraternelle, il sortit de sa poche une somme de deux mille quatorze zaïres, qu'il me remit en disant: "Souvent, lorsqu'il m'arrive de voyager pour Kinshasa, je me réunis avec les frères du Groupe de Prière de Limeté, 1ère Rue. Ce matin, j'ai reçu l'ordre de vous remettre cette somme d'argent pour l'achat de votre billet. Je crois même qu'il y a un bateau qui part pour Kinshasa aujourd'hui. Si vous le voulez, je peux vous recommander au commandant."

 

Je ne lui posai aucune question, par exemple comment il allait me trouver si nous ne nous étions pas rencontrés. Mais je compris vite que c'était le Seigneur qui me parlait à travers ce militaire. J'acceptai l'argent, puis j'achetai mon billet pour le départ qui devait avoir lieu ce même jour. À la maison, je fis ma valise et dis au revoir à mon épouse ainsi qu'aux frères de notre communauté. Dans le bateau pour Kinshasa, je ne cessai de témoigner de Jésus. Deux magiciens parmi les passagers abandonnèrent satan pour suivre le Seigneur Jésus. Je parlai aussi de ma mission à deux pasteurs de Nzambe-Malamu et de Tshuapa, et leur exhibai, en guise de preuve de mon ancienne appartenance au monde satanique, un diplôme signé par lucifer, les clefs pour ouvrir le monde invisible, ainsi que la liste des cimetières à travers le monde, sur lesquels s'étendaient mes pouvoirs.

 

Depuis ma conversion, je considérais ces objets comme étant sans valeur aucune. Ces deux pasteurs me conseillèrent de les leur céder. Ce que je fis sans hésiter, car ils les considéraient comme compromettants. Après deux semaines de navigation sans incident, le bateau accosta au port de l'Onatra à Kinshasa, d'où je pris un taxi qui me conduisit à la cité Béthel à Limeté, ma première destination. Je commençai à témoigner par Béthel, comme me l'avait recommandé le Seigneur. Il y eut beaucoup de conversions: Six mille personnes par jour rendirent leurs talismans sous forme d'objets volés. De là, je suis allé témoigner au pasteur qui avait deux femmes. Je lui donnai la recommandation du Seigneur, en lui précisant le nom de cette deuxième femme, et le lieu où elle habitait. Le pasteur crut un instant se trouver devant un féticheur ou un magicien, mais il réussit à se ressaisir et reconnut en moi un véritable messager du Seigneur. "Je ne pouvais pas m'imaginer que Dieu me connaissait! S'extasia-t-il". Lorsqu'il alla trouver sa concubine ce jour-là, il lui expliqua les faits et l'informa de sa ferme conviction qu'il devait se mettre en règle avec son Dieu. Il remit alors à la femme une somme de 50.000 zaïres, et lui rendit sa liberté, en s'écriant: "Mon Dieu m'aime!" [Fin du Témoignage].

 

3.11- Mise en garde

 

Chers frères et chers amis, je ne voudrais pas mettre ce témoignage à votre disposition sans relever les deux fautes graves qu'il contient, et que vous devez veiller à ne jamais commettre si vous vous retrouvez un jour dans ce genre de situation. Il y a d'un côté la faute du pasteur, et de l'autre celle du frère. À la suite de ces fautes je vais lancer deux appels: L'un à l'endroit des pasteurs appelés à aider les gens qui choisissent honnêtement de quitter le camp de satan, et l'autre à l'endroit de tous les agents de satan qui veulent abandonner le camp de satan pour suivre Jésus-Christ le seul vrai Dieu.

 

L'erreur du pasteur: Quand l'auteur de ce témoignage a choisi de renoncer à satan pour se donner à Christ, sa démarche a été très bien. Il est allé voir un pasteur, et il a été honnête dans sa confession. Il n'a rien caché au pasteur, et là c'est très bien. C'est ce que toute personne qui veut quitter satan doit absolument faire. Mais qu'a fait le pasteur? Il a fait preuve d'une grande ignorance. Il a demandé au jeune frère d'aller remettre à satan tous les pouvoirs et protections qu'il avait. Ce degré d'ignorance nous amène à nous demander si ce pasteur était réellement appelé. Voilà une faute que vous ne devez jamais commettre en tant que serviteur de Dieu. Renvoyer quelqu'un qui veut fuir satan vers ce même satan, est une erreur très grave qu'aucun serviteur de Dieu éclairé ne doit faire. C'est par la grâce de Dieu que ce jeune frère ne s'est pas fait avaler par satan dans cette démarche insensée.

 

Que devait faire le pasteur? Le fait que ce jeune homme ait été honnête, permettait au pasteur d'exercer son ministère de délivrance sans perturbation. Il devait tout simplement récupérer tous les pouvoirs sataniques que ce jeune avait, et les bruler au nom de Jésus-Christ, et prier pour libérer ce nouveau frère de tous les pactes sataniques qu'il avait signés, et des liens qu'il avait tissés avec le monde des ténèbres. Ceci devait affranchir le frère, et le mettre à l'abri de tout ce qu'il a subi par la suite. Vous pasteurs et autres serviteurs de Dieu, sachez que vous êtes là pour sauver les gens qui de manière honnête choisissent de fuir le camp de satan. Et pour le faire, vous n'avez rien à négocier avec satan. Envoyer vers satan une personne qui fuit satan, pour discuter ou négocier avec lui, ou lui rendre quoi que ce soit, est une folie. Ne tombez jamais dans ce genre de piège. Un sorcier qui choisit de quitter le camp de satan n'a pas besoin d'aller remettre quoi que ce soit à satan; il doit plutôt tout remettre aux serviteurs de Dieu, afin que tout objet satanique qu'il possédait soit brulé pour la gloire de Dieu, comme vous le lisez dans Actes 19:18-19 "Plusieurs de ceux qui avaient cru venaient confesser et déclarer ce qu'ils avaient fait. Et un certain nombre de ceux qui avaient exercé les arts magiques, ayant apporté leurs livres, les brûlèrent devant tout le monde..."

 

L'erreur du frère: Le choix d'aller rester chez ses parents alors que ces derniers ne connaissaient pas Dieu, était une grave erreur. Et à cause de cela il a souffert terriblement comme vous venez de le lire. Si vous êtes dans la sorcellerie ou dans une loge satanique (Ordre de Malte, Franc-maçonnerie, Rose-Croix, Ordre des Rameaux, Éboka, Ordre souverain du Temple initiatique (Osti), Eckankar, Homosexualité, ou n'importe quelle autre loge satanique), et vous voulez quitter le camp de satan, allez vers les vrais serviteurs de Dieu, confessez toutes vos œuvres de manière honnête, et laissez-vous encadrer par eux ou par des vrais enfants de Dieu. Ne tombez jamais dans le piège de vous éloigner de la présence de Dieu. Quand vous êtes entourés de vrais enfants de Dieu, votre délivrance se passe avec moins de souffrances. Vous pouvez lire l'enseignement intitulé "Comment Quitter le Camp de satan", qui se trouve sur le site mcreveil.org.

 

Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur
Jésus-Christ d'un amour inaltérable!

 

Invitation

 

Chers frères et sœurs,

 

Si vous avez fui les fausses églises et voulez savoir ce que vous devez faire, voici les deux solutions qui s'offrent à vous:

 

1- Voyez si autour de vous il y a quelques autres enfants de Dieu qui craignent Dieu et désirent vivre selon la Saine Doctrine. Si vous en trouvez, sentez-vous libres de vous joindre à eux.

 

2- Si vous n'en trouvez pas et désirez nous rejoindre, nos portes vous sont ouvertes. La seule chose que nous vous demanderons de faire, c'est de lire d'abord tous les Enseignements que le Seigneur nous a donnés, et qui se trouvent sur notre site www.mcreveil.org, pour vous rassurer qu'ils sont conformes à la Bible. Si vous les trouvez conformes à la Bible, et êtes prêts à vous soumettre à Jésus-Christ, et à vivre selon les exigences de Sa parole, nous vous accueillerons avec joie.

 

Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous!

 

Source & Contact:

Site Internet: https://www.mcreveil.org
E-mail: mail@mcreveil.org

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